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Berlin et la zone euro changent de cap sur la relance budgétaire

BERLIN ET LA ZONE EURO CHANGENT DE CAP SUR LA RELANCE BUDGÉTAIRE

par Francesco Guarascio

BRUXELLES (Reuters) - La zone euro devrait être prête à augmenter ses dépenses publiques pour soutenir la croissance en cas de ralentissement économique, ont déclaré mardi les ministres des Finances de la zone euro, un premier pas prudent vers une politique budgétaire plus expansionniste.

Depuis des années, les 19 pays de la zone euro s'en tiennent à plaider pour une politique budgétaire "globalement neutre" dans leurs recommandations annuelles.

Une position résultant notamment du veto de l'Allemagne à toute politique de relance budgétaire, en dépit des appels répétés émanant entre autres de la Banque centrale européenne (BCE) l'invitant à investir davantage pour stimuler la croissance économique de l'ensemble du bloc.

Mais les craintes croissantes d'une récession de l'économie allemande, accentuées par l'impact potentiel de l'épidémie de coronavirus qui sévit en Chine, ont incité Berlin à revoir sa position.

Ce changement de formulation dans un communiqué commun de l'Eurogroupe ne contraint pas l'Allemagne à augmenter ses dépenses publiques, cette décision relevant de la seule initiative des gouvernements nationaux.

Pour autant, il suggère un changement d'attitude qui pourrait même conduire à une refonte des règles budgétaires européennes afin de les rendre moins contraignantes.

Le ministre français de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire, qui a régulièrement appelé Berlin à utiliser ses marges de manoeuvre budgétaires pour soutenir l'économie de la zone euro, a salué cette avancée.

"Nous avons fait d'énormes progrès. Pour la première fois en dix ans, les 19 pays de la zone euro disent que nous devrions utiliser la relance budgétaire", a-t-il déclaré à la presse en marge d'une réunion Ecofin des ministres de l'Economie et des Finances de l'Union européenne.

"La politique monétaire n'est pas suffisante. La politique budgétaire doit prendre le relais en cas de ralentissement économique trop marqué", a-t-il ajouté en résumant la position commune de l'Eurogroupe.

Le ton du document validé par les ministres de l'Economie et des Finances de la zone euro reste cependant prudent et souligne que seuls les pays disposant de marges de manoeuvre budgétaire devraient investir davantage, excluant toute augmentation des dépenses publiques dans les pays affichant un déficit budgétaire ou une dette trop importants au regard des règles européennes.

"Si les risques baissiers venaient à se matérialiser, les réponses budgétaires devraient être différenciées afin de générer une posture assurant plus de soutien à l'échelle agrégée, tout en garantissant le respect total du pacte de stabilité et de croissance", qui impose entre autres aux Etats membres de contenir leur déficit sous le seuil de 3% de leur produit intérieur brut (PIB).

Le vice-président de la Commission européenne Valdis Dombrovskis a attribué cette inflexion de position au ralentissement de la croissance dans la zone euro en 2019 et aux perspectives peu encourageantes pour 2020 et au-delà.

(Francesco Guarascio; version française Myriam Rivet, édité par Jean-Michel Bélot)