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A Berlin, Manuel Valls promet de tenir les déficits publics

BERLIN (Reuters) - Manuel Valls a réaffirmé lundi à Berlin l'engagement de la France de réduire son déficit public à 3% du produit intérieur brut en 2015 tout en réclamant de la cohérence dans la politique économique et monétaire d'une Union européenne qu'il souhaite "vivante" et non "abstraite".

Le Premier ministre français s'exprimait sur le sujet pour la première fois depuis son discours de politique générale du 8 avril dans lequel il a défendu un "nécessaire équilibre" entre croissance et engagements budgétaires, exprimant son intention d'en discuter avec les partenaires européens de la France.

"Nous tiendrons nos engagements car c'est la parole, la crédibilité de la France qui sont en jeu. Et personne ne peut mettre en doute la crédibilité de notre pays", a dit le Premier ministre lors d'un déplacement en Allemagne, le pays qui incarne l'orthodoxie budgétaire en Europe.

Le nouveau ministre français des Finances, Michel Sapin, avait lui évoqué la tenue de discussions avec Bruxelles sur le rythme de la consolidation des finances publiques, semant des doutes sur l'engagement d'un déficit à 3% fin 2015 avant de les dissiper en fin de semaine.

Le déficit public français s'est élevé à 4,3% du PIB en 2013 au lieu des 4,1% prévus, ce qui pèsera d'autant sur les années suivantes si rien n'est fait. La France prévoyait jusqu'à présent de ramener son déficit à 3,6% fin 2014 et 2,8% fin 2015.

Manuel Valls a réitéré l'objectif convenu avec la Commission européenne à l'occasion d'un déplacement à Berlin, son premier à l'étranger depuis son arrivée à Matignon.

"ANCRER L'EUROPE DANS LES ESPRITS ET LES COEURS"

Le chef du gouvernement s'est rendu dans la capitale allemande à l'invitation du Parti social-démocrate (SPD), aujourd'hui associé à la CDU de la chancelière Angela Merkel dans le cadre d'une grande coalition, pour une conférence sur le centenaire de la Première Guerre mondiale.

Il y a été accueilli par le vice-chancelier et ministre de l'Economie Sigmar Gabriel et Martin Schulz, président sortant du Parlement européen.

Les trois responsables ont exprimé leur inquiétude sur le dossier ukrainien, qualifié de plus grave crise sur le continent depuis la fin de la Guerre froide.

Dans son discours, le Premier ministre français, qui rendra visite à Angela Merkel après les élections européennes du 25 mai en France, a plaidé pour une Europe "plus lisible", "vivante, démocratique", non "abstraite" et demandé plus de "cohérence" dans la politique monétaire et budgétaire de l'Union.

Il a appelé de ses voeux une Europe capable de maintenir "intact le niveau de protection" sans "jouer un modèle social contre un autre".

"Il y a une urgence à ancrer l'Europe dans les esprits et dans les coeurs mêmes de nos concitoyens. C'est comme cela que nous lutterons contre les nationalismes, les populismes, tous ceux qui veulent détruire la construction européenne", a-t-il dit, alors que les sondages prédisent un fort taux d'abstention et une poussée des extrêmes pour le scrutin à venir.

Selon son entourage, Manuel Valls et les membres de son gouvernement s'engageront dans la campagne pour les européennes, le chef du gouvernement prévoyant un meeting aux côtés de Martin Schulz, candidat des socialistes européens pour la présidence de la Commission européenne, à une date non précisée.

(Elizabeth Pineau, édité par Sophie Louet)