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Berlin et Paris veulent mobiliser le G20 sur les cryptomonnaies

BERLIN (Reuters) - La France et l'Allemagne ont officiellement demandé vendredi au G20 de se saisir de la problématique des cryptomonnaies et autres actifs financiers numériques et de leur impact économique et monétaire.

Dans un courrier adressé au ministre des Finances argentin, dont le pays occupe la présidence tournante du G20, les grands argentiers des deux pays - ministres des finances et gouverneurs des banques centrales - réclament un débat sur le sujet qui pourrait, selon eux, déboucher sur des initiatives harmonisées au niveau international.

Ils suggèrent d'y associer le Fonds monétaire international à qui serait demandé une "analyse quantitative des flux internationaux et des problèmes de stabilité financière" relatifs aux cryptomonnaies.

La lettre, que Reuters s'est procurée, souligne que l'émergence des actifs financiers numériques (tokens) et des technologies qui les sous-tendent peut présenter de nouvelles opportunités mais aussi des "risques substantiels pour les investisseurs" et devenir une source de délits financiers si aucune mesure de régulation n'est prise.

"Dans le long terme, des risques potentiels dans le domaine de la stabilité financière pourraient également émerger".

Les responsables économiques et financiers français et allemands identifient dans leur démarche quatre défis à relever :

- Etablir une compréhension commune de la nature de ces actifs numériques : "Il est nécessaire de clarifier la nature de ces nouveaux instruments, aujourd'hui largement qualifiés, à tort, de 'monnaies' dans les médias et sur internet", l'existence de visions perçues comme divergentes chez les régulateurs sur ces questions menant à un manque de clarté chez les investisseurs qui ne peut qu'alimenter la spéculation.

UN RAPPORT ATTENDU EN JUILLET

- "Surveiller les implications de l'exposition croissante des acteurs de marché aux actifs financiers numériques en termes de stabilité financière et d'intégrité de marché". Les implications potentielles de l'utilisation de ces actifs comme moyens d'échange en termes de politique monétaire doivent être également minutieusement évaluées, même s'il n'y en a pas à ce stade.

L'impact de l'émission, envisagée par certaines banques centrales, de "cryptomonnaies", doit être également analysé.

- Offrir une meilleure protection aux investisseurs non-professionnels en les informant des risques qu'ils encourent.

- Adopter une approche commune au niveau international en matière de lutte contre le blanchiment d'argent sale et de financement du terrorisme. "Les actifs numériques et les possibilités qu'ils offrent pour des innovations financières ne doivent pas être laissés à ceux qui en font le pire usage".

Les signataires de la lettre proposent qu'une première discussion sur ces sujets ait lieu à l'occasion du G20 Finances des 19 et 20 mars à Buenos Aires puis que des organismes comme le Conseil de stabilité financière, le Gafi (Groupe d'action financière sur le blanchiment de capitaux) et la Banque des règlements internationaux travaillent sur le sujet en vue d'un rapport proposant des lignes d'action à l'occasion du G20 Finances suivant, en juillet.

La Banque de France et l'Autorité des marchés financiers ont adressé plusieurs mises en garde contre les investissements dans les cryptomonnaies fin 2017, au moment où la valeur du bitcoin, la plus connue des monnaies virtuelles, s'emballait pour monter jusqu'à près de 20.000 dollars.

Elle est retombée depuis pour s'échanger autour de 8.300 dollars vendredi matin.

(Gernot Heller et Thomas Escritt, Wilfrid Exbrayat et Yann Le Guernigou pour le service français, édité par Marc Joanny)