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Berlin condamne les menées de l'extrême droite à Chemnitz

CHEMNITZ, Allemagne (Reuters) - L'Allemagne ne tolérera pas une "justice de milices d'autodéfense", a assuré lundi le porte-parole du gouvernement fédéral allemand, alors que des extrémistes de droite continuaient de manifester lundi soir à Chemnitz, après la mort dans cette ville d'un Allemand de 35 ans imputée à un Syrien et à un Irakien.

Dimanche, déjà, 800 manifestants d'extrême droite s'étaient rassemblés dans cette ville de l'est de l'Allemagne pour réclamer justice à la suite d'une altercation au cours de laquelle un homme avait été tué et deux autres Allemands, âgés de 33 et 38 ans, avaient été blessés durant le week-end.

Selon le Frankfurter Allgemeine Zeitung, la personne tuée était un Allemand d'origine cubaine, père de famille et charpentier de profession. Des poursuites en justice ont été engagées contre quatre participants à la manifestation de dimanche, dont deux pour coups et blessures.

Certains des manifestants avaient lancé dimanche des bouteilles et des pierres contre les forces de police. Des civils avaient été agressés et harcelés, dont un Afghan de 18 ans et une Allemande de 15 ans, a déclaré une porte-parole de la police.

La police allemande s'est interposée lundi soir à Chemnitz pour empêcher des violences entre les participants à un rassemblement d'extrême droite, baptisé "Pro Chemnitz", et celui de sympathisants de gauche regroupés sous la bannière "Chemnitz nazifrei" (Chemnitz sans nazis). Plusieurs personnes ont été blessées au cours d'incidents, a rapporté la police sur Twitter.

Steffen Seibert, porte-parole du gouvernement de la chancelière Angela Merkel, a condamné lundi les agissements des éléments d'extrême droite à Chemnitz durant le week-end.

Des chaînes de télévision avaient diffusé des vidéos amateur montrant des skinheads pourchassant un homme d'allure étrangère dans les rues de la ville. Sur d'autres vidéos, on pouvait entendre des centaines de manifestants scander "Nous sommes le peuple!", slogan fréquemment repris par l'extrême droite.

"Nous ne tolérons pas de tels rassemblements illicites et la chasse à l'homme visant ceux qui ont des origines différentes, pas plus que les menées pour répandre la haine dans les rues", a dit Steffen Seibert lors d'un point de presse régulier.

L'arrivée de centaines de milliers de migrants et réfugiés venus du Proche-Orient, en 2015, a alimenté des sentiments xénophobes et permis à des organisations ou partis d'extrême droite comme Pegida et AfD (Alternative pour l'Allemagne) d'avoir le vent en poupe. AfD a fait son entrée au Bundestag lors des élections législatives du 24 septembre 2017, devenant le troisième parti en nombre de députés.

(Reuters télévision, Michelle Martin, Joseph Nasr, Andrea Shalal et Ralf Bode; Eric Faye pour le service français)