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Berkshire Hathaway à l'affût d'une grosse acquisition

par Trevor Hunnicutt et Jonathan Stempel

NEW YORK (Reuters) - Rpt mastic §4-5 sur Berkshire

Warren Buffett est en quête d'"une ou plusieurs" grosses acquisitions pour améliorer encore les performances de son conglomérat Berkshire Hathaway, qui a enregistré un bénéfice record de près de 45 milliards de dollars (36,6 milliards d'euros) en 2017.

Dans sa lettre annuelle transmise samedi aux actionnaires de Berkshire, le milliardaire de 87 ans dit avoir 116 milliards de dollars à disposition, en liquidités et en obligations d'Etat à faible rendement, mais peiner à trouver des cibles à des prix "raisonnables" à cause de la "frénésie d'achats" opérée par de grandes entreprises profitant de taux bas.

Berkshire paie habituellement ses acquisitions en liquide.

"On aura un sourire plus large quand on aura redéployé le trésor de guerre de Berkshire dans des actifs plus productifs", écrit le PDG. "L'objectif de Berkshire est d'accroître fortement les résultats du groupe hors de l'assurance. Pour cela, il faut procéder à une ou plusieurs énormes acquisitions."

La lettre annuelle de l'"oracle d'Omaha", nettement plus courte que les autres années (un peu plus de 8.000 mots contre plus de 14.000 il y a un an), ne mentionne pas les participations majeures de Berskhire comme celles dans Apple ou la banque Wells Fargo & Co, ni le récent passage à vide de Wall Street. De même le financier ne dit rien de son projet de bâtir une nouvelle offre dans la santé avec Amazon.com et JPMorgan Chase & Co.

"A 87 ans, il ne veut pas se faire d'ennemis", commente Bill Smead, fondateur de Smead Capital Management à Seattle et actionnaire de Berkshire.

Berkshire a fait état d'un bénéfice annuel record de 44,94 milliards de dollars, en incluant un gain de 29,1 milliards dû au récent abaissement du taux d'imposition des sociétés aux Etats-Unis.

Le bénéfice d'exploitation a reculé toutefois de 18% à 14,46 milliards, affecté par une rare perte des activités de souscription d'assurance en raison des ouragans Harvey, Irma et Maria et aussi des feux de forêt en Californie.

Sur le seul quatrième trimestre, le bénéfice opérationnel a baissé de 24% à 3,34 milliards de dollars mais le résultat net a pratiquement quintuplé à 32,55 milliards de dollars, soit 19.790 dollars par action de Classe A, contre 6,29 milliards (3.823 dollars) un an plus tôt.

La valeur comptable par action, qui mesure les actifs moins les dettes, a progressé de 13% au quatrième trimestre, à 211.750 dollars, et de 23% sur l'ensemble de l'année.

ABEL ET JAIN

La dernière acquisition majeure de Warren Buffett remonte à plus de deux ans - l'équipementier aéronautique Precision Castparts racheté pour 32,1 milliards de dollars - et son âge avancé lui laisse moins de temps pour pister des "éléphants", selon son expression.

Pour autant, Buffett et son inamovible vice-président Charlie Munger, 94 ans, ne montrent aucun signe d'usure même si Berkshire a nommé le mois dernier deux nouveaux vice-présidents considérés comme des successeurs potentiels.

Gregory Abel, qui dirigeait jusque-là la filiale Berkshire Hathaway Energy, a maintenant la responsabilité de l'ensemble des activités hors assurance qui emploient au total 330.000 personnes, par exemple dans la compagnie ferroviaire BNSF ou chez le glacier Dairy Queen.

Ajit Jain, spécialiste de l'assurance, supervise quant à lui la filiale d'assurance automobile Geico et d'autres sociétés dans le même domaine, employant au total 47.000 personnes.

"Le sang de Berkshire coule dans leurs veines", a écrit Buffett au sujet des deux promus.

BUFFETT CONSEILLE LES ACTIONS, TOUJOURS

Wells Fargo ne s'est pas révélé un investissement heureux ces derniers mois en raison de scandales à répétition mais Apple a connu un meilleur sort.

Dans sa lettre, Buffett révèle que sa participation de 3,3% dans le fabricant de l'iPhone, d'une valeur de 28,2 milliards de dollars, se traduisait par une gain virtuel de 7,25 milliards de dollars en fin d'année.

Buffett délègue une partie de ses activités de gestion à ses adjoints Todd Combs et Ted Weschler, qui d'après lui géraient ensemble fin 2017 quelque 25 milliards de dollars contre 21 milliards un an plus tôt.

Le sage d'Omaha a enfin affirmé aux investisseurs de long terme, des fonds de pension jusqu'à l'épargnant individuel, que même avec des marchés actions au plus haut ce serait une "terrible erreur" de penser que les obligations sont plus sûres.

"Souvent, des obligations de note élevée dans un portefeuille d'investissement en augmentent le risque", écrit-il. "Il est impossible de dire comment les actions peuvent se comporter à court terme (...) Mais à mesure qu'augmente l'horizon d'investissement de l'investisseur, un portefeuille diversifié d'actions américaines devient progressivement moins risqué que des obligations, à condition qu'elles aient été achetées à un niveau de valorisation raisonnable."

"En Amérique, l'investisseur en actions a le vent dans le dos", ajoute-t-il.

En 2010, Buffett avait indiqué qu'à sa mort 90% de l'argent qu'il laisserait à sa femme Astrid seraient placés dans un fonds répliquant l'indice S&P-500 et 10% dans des obligations d'Etat.

(Véronique Tison pour le service français)