Benjamin Netanyahu profite-t-il de la campagne américaine pour mener sa guerre ?
Le président américain Joe Biden a eu des mots laconiques à l'égard du Premier ministre Benjamin Netanyahu vendredi : "Aucune administration n'a aidé Israël plus que moi. Aucune. Aucun. Aucune. Et je pense que "Bibi" devrait s'en souvenir", a-t-il déclaré en désignant le dirigeant israélien par son surnom. "Je ne sais pas s'il essaie d'influencer l'élection, mais je ne compte pas là-dessus."
Joe Biden, lors d'une rare apparition dans la salle de presse de la Maison Blanche, répondait aux déclarations de l'un de ses alliés, le sénateur Chris Murphy, qui a expliqué à CNN cette semaine qu'il craignait que Benjamin Netanyahu ne soit pas intéressé par un accord de paix, en partie à cause de la politique américaine.
"Je ne pense pas qu'il faille être un cynique désespéré pour penser que certains actes d'Israël, certains actes du Premier ministre Netanyahu, sont liés aux élections américaines", a affirmé Chris Murphy.
Pour Joe Biden, un accord diplomatique contribuerait à résoudre la profonde division entre démocrates sur la guerre, et à enlever une épine du pied à sa vice-présidente Kamala Harris, candidate à sa succession.
Côté israélien, la coalition d'extrême droite de Benjamin Netanyahu l'abandonnerait certainement s'il mettait fin à la guerre. Il pourrait perdre le pouvoir et devoir faire face à ses problèmes juridiques. Israël vient d'"éliminer" plusieurs dirigeants du Hamas et du Hezbollah, ce qui ne l'incite pas à stopper ses "opérations".
La semaine dernière, les États-Unis, la France et d'autres alliés ont appelé conjointement à un cessez-le-feu immédiat de 21 jours entre Israël et le Hezbollah, mais le Premier ministre israélien l'a rejeté, déclarant aux dirigeants réunis pour l'Assemblée générale des Nations unies qu'Israël "continuerait à frapper le Hezbollah jusqu'à ce que tous nos objectifs soient atteints".
Israël a avancé sur plusieurs fronts, tuant des dirigeants du Hezbollah et poursuivant une incursion terrestre au Liban, tout en menant des frappes à Gaza. Le pays s'est également engagé à riposter à l'attaque de missiles balistiques lancée par l'Iran cette semaine.
Craintes concernant le prix du pétrole
Les prix du pétrole ont augmenté de 8 % en une semaine, suite aux craintes qu'Israël ne frappe les installations pétrolières iraniennes.
L'Iran fournit au monde environ 4 % de son pétrole, soit près de 4 millions de barils par jour.
Une hausse des prix de l'essence si près des élections serait un coup dur pour Kamala Harris et la campagne qu'elle mène pour se faire élire.
Joe Biden a déclaré qu'aucune décision n'avait encore été prise quant au type de réponse à apporter à l'Iran, même si "je pense que si j'étais à leur place, je réfléchirais à d'autres solutions que de frapper les champs pétroliers".
"Les Israéliens ont tout à fait le droit de répondre aux attaques vicieuses dont ils font l'objet, non seulement de la part des Iraniens, mais aussi de la part de tout le monde, du Hezbollah aux Houthis", a ajouté le président américain vendredi. "Mais le fait est qu'ils doivent être beaucoup plus prudents lorsqu'il s'agit de faire des victimes civiles."
Joe Biden a également ordonné à l'armée américaine de renforcer sa présence dans la région afin de protéger Israël contre les attaques du Hamas, du Hezbollah, des rebelles houthis soutenus par l'Iran au Yémen et de l'Iran lui-même. En avril, et de nouveau en début de semaine, les États-Unis ont joué un rôle de premier plan dans l'abattage de missiles tirés par l'Iran en direction d'Israël.
Trump déclare qu'Israël devrait attaquer les sites nucléaires iraniens
Vendredi également, le candidat républicain à la présidence américaine, Donald Trump, a déclaré lors d'un meeting électoral en Caroline du Nord qu'Israël devrait attaquer les installations nucléaires de l'Iran.
Pendant son mandat, Donald Trump a entretenu des relations étroites avec Benjamin Netanyahu.
Pendant qu'il était président, Dnald Trump a initié des changements politiques que Benjamin Netanyahu a applaudis, notamment en reconnaissant Jérusalem comme capitale d'Israël, en y transférant l'ambassade des États-Unis depuis Tel-Aviv, en reconnaissant la souveraineté israélienne sur le plateau du Golan et en annulant une décision juridique américaine vieille de plusieurs décennies selon laquelle les colonies juives en Cisjordanie étaient incompatibles avec le droit international.