Belgrade fait la leçon à ses voisins de l'UE sur les migrants

Le Premier ministre serbe, Aleksandar Vucic, a critiqué jeudi la réaction de ses voisins hongrois et croates face à la crise des réfugiés, qu'il a opposée à l'attitude de son pays, bon élève selon lui d'une Union européenne à laquelle il souhaite adhérer. /Photo prise le 26 août 2015/REUTERS/Heinz-Peter Bader

STRASBOURG (Reuters) - Le Premier ministre serbe, Aleksandar Vucic, a critiqué jeudi la réaction de ses voisins hongrois et croates face à la crise des réfugiés, qu'il a opposée à l'attitude de son pays, bon élève selon lui d'une Union européenne à laquelle il souhaite adhérer. Les relations se sont tendues ces dernières semaines entre Belgrade et ses deux voisins de l'UE après que ceux-ci ont successivement fermé leur frontière avec la Serbie pour barrer la route aux milliers de réfugiés venus notamment de Syrie. Aleksandar Vucic, qui intervenait à Strasbourg devant l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, a rappelé que son pays avait enregistré 164.000 réfugiés sur son territoire au cours des cinq derniers mois, pour un total estimé à 200.000, selon des statistiques. "La Serbie n'en fait pas une montagne, ne se plaint pas, nous avons l'habitude de recevoir des réfugiés", a-t-il dit en soulignant le traitement "humain" auquel ces personnes ont droit. "Nous n'avons pas lancé la moindre grenade lacrymogène, il n'y a pas eu le moindre coup de feu. Une fois chez nous, ils peuvent circuler librement", a-t-il expliqué, sans évoquer explicitement les mesures coercitives prises par la Hongrie, qui a fait appel à l'armée pour contrôler les migrants. "Il est faux de dire que ces gens posent des problèmes", a-t-il ajouté, affirmant que cet afflux de population n'avait donné lieu qu'à "deux ou trois affaires criminelles" en Serbie. "C'est vrai qu'ils ne souhaitent pas rester chez nous et traversent le pays en deux ou trois jours", a-t-il reconnu. "Tout le monde se plaint de la crise des migrants. Il n'y a que l'Allemagne et les pays scandinaves qui pourraient se plaindre car ce sont ces pays qui sont leur but ultime", a estimé Aleksandar Vucic. "Nous avons été plus européens dans notre réaction vis-à-vis de ces personnes que bien des pays de l'Union européenne", a-t-il conclu, en précisant que, même non membre, la Serbie était "prête à accepter un quota de réfugiés". Les négociations d'adhésion entre la Serbie et l'Union européenne devraient s'ouvrir rapidement, selon une déclaration faite en août dernier par le commissaire européen à l'élargissement, Johannes Hahn. Belgrade espère devenir membre de l'UE d'ici 2020. (Gilbert Reilhac, édité par Yves Clarisse)