Belgique : violée en 2016, une mère de famille obtient une autorisation d'euthanasie

Détruite psychologiquement après le viol dont elle a été victime, une Belge obtient une autorisation d'euthanasie (Photo : Getty Images) (Getty Images)

Souffrant de terribles séquelles psychologiques depuis l'agression, cette femme âgée de 50 ans a fait une demande auprès des autorités et obtenu le feu vert des experts médicaux.

Une situation insupportable, à laquelle elle a décidé de mettre fin pour arrêter de souffrir. En Belgique, une femme âgée de 50 ans, mère de deux enfants, a demandé et obtenu l'autorisation de se faire euthanasier, en raison des séquelles essentiellement psychologiques d'un viol subi en 2016.

Des dégâts psychologiques irréparables

Comme l'explique 7sur7.be, la vie de cette habitante de Vilvorde a basculé dans la tragédie un matin de septembre, lorsqu'elle a été attaquée par un homme alors qu'elle faisait son jogging dans un parc. Violemment frappée à la mâchoire, menacée avec un couteau et violée à plusieurs reprises, la mère de famille a été hospitalisée pendant de longues semaines après cette agression. Si elle a finalement guéri de ses blessures physiques, les dégâts psychologiques se sont en revanche révélés irréparables.

"Le fait que je ne serais plus jamais celle que j’avais été est devenu évident lorsque j’ai été autorisée à rentrer chez moi après une semaine d’hospitalisation, témoigne la victime, citée par 7sur7.be. Cette maison n’était plus la mienne. Je me sentais comme une intruse, seule et solitaire. Rien n’allait plus. Tout le monde me disait que j’étais toujours la même, mais je n’en avais pas l’impression. Une partie de moi-même semblait être morte. Je n'étais plus dans cette famille. Mentalement, en tout cas."

"Parfois, je me réveille en pleurant et je me dis : 'Dois-je encore passer un jour de plus ?'"

"Je ne pouvais plus être avec ma famille, poursuit la quinquagénaire. Je ne supportais plus que mon mari dorme avec moi, je ne supportais plus de manger à table avec eux. J’ai eu des crises de panique et d’anxiété, j’ai fini par avoir des pensées suicidaires et j’ai effectivement fait une tentative de suicide. Quatre mois après les faits, j’ai été admise en psychiatrie. Le début d’une longue série d’admissions, forcées ou non sur les conseils de mon psychiatre."

Au fil des années, la mère de famille a réalisé que sa souffrance ne s'atténuait pas, bien au contraire. À tel point qu'elle ressent aujourd'hui le besoin permanent de s'occuper l'esprit. "Sinon, les souvenirs peuvent s’installer ou pire, je peux les revivre, décrit-elle. Alors la peur peut me submerger, ou la panique. Ou une tristesse intense. J’ai alors l’impression que je pourrais m’effondrer. Il m’arrive de rester allongée à pleurer pendant des heures. (...) Parfois, je me réveille en pleurant et je me dis : 'Dois-je encore passer un jour de plus ?'"

"Demander l’euthanasie en tant que maman est déchirant et difficile"

En 2021, son cheminement personnel l'a amenée à trouver la douloureuse réponse à cette angoissante question. Elle a alors fait une demande officielle d'euthanasie. "Je veux que la souffrance s’arrête, qu’elle se termine, résume aujourd'hui la quinquagénaire. La douleur est si profonde qu’elle prend le dessus. Il n’y a plus que cette douleur et il ne reste qu’une seule chose à souhaiter : que la souffrance s’arrête."

"Croyez moi, demander l’euthanasie en tant que maman est déchirant et difficile. Il n’y a pas une seconde où je ne me sens pas coupable", souligne la mère de famille, soutenue dans sa démarche par ses deux enfants. Au terme d'un long processus d'expertise, sa requête a finalement été approuvée au mois de janvier par deux psychiatres et un médecin "qui ont jugé à l’unanimité que sa souffrance mentale était insupportable", selon 7sur7.be.

VIDÉO - Yves de Locht, médecin à Bruxelles : "Pratiquer une euthanasie, c'est la charge émotionnelle la plus lourde de tout ce que j'ai fait depuis 50 ans"