BeIN Sports, LFP, grève des supporters… Pourquoi la saison de Ligue 2 a débuté dans le chaos

Des banderoles critiquant la nouvelle programmation des matches de Ligue 2, lors de Metz-Bastia, le 19 août 2024.
X Des banderoles critiquant la nouvelle programmation des matches de Ligue 2, lors de Metz-Bastia, le 19 août 2024.

FOOTBALL - Pour la reprise des championnats français ce week-end, on a beaucoup plus parlé droits télé que ballon. Alors que la Ligue 1 est proche d’une impasse après le nombre élevé de protestations face au prix mensuel encore jamais atteint (30 ou 40 euros) proposé par le nouveau diffuseur DAZN, la Ligue 2 n’est pas en reste.

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Vendredi, samedi et lundi, toutes les rencontres de la première journée ont été perturbées par les groupes de supporters. Le point d’orgue a été atteint lundi 19 août lors de Metz-Bastia, avec une interruption de 20 minutes à la suite de jets de balles de tennis sur le terrain par des supporters dénonçant la programmation de la Ligue 2 cette saison.

« Le football, c’est le week-end » et « beIN Sport tue la Ligue 2 », pouvait-on lire sur deux banderoles déployées dans les kops du stade de Saint-Symphorien, où des spectateurs ont scandé des slogans insultant la Ligue de football professionnel (LFP) et la chaîne beIN Sports, qui diffuse la L2.

Juste après le coup d’envoi, une première salve de balles de tennis est partie des tribunes vers le terrain. Un appel au calme du speaker du stade a permis au jeu de reprendre, mais quelques dizaines de secondes plus tard, de nouveaux jets ont conduit l’arbitre de la rencontre, Aurélien Petit, à renvoyer les deux équipes aux vestiaires. Après un quart d’heure d’incertitude, Messins et Bastiais sont revenus sur la pelouse et la rencontre a finalement repris.

Des matches le vendredi, comme de 2012 à 2020

Les supporters des clubs de Ligue 2 sont en effet les grands perdants de l’intersaison. Fin juin, BeIN Sports a acquis les droits pour diffuser l’intégralité du championnat - pour 40 millions d’euros par saison jusqu’en 2029 -, passé cette saison de 20 à 18 clubs. La chaîne qatarie a surtout drastiquement modifié la programmation des matches : sept le vendredi à 20h, un le samedi à 14h30 et un le lundi à 20h45. La saison dernière sur Prime Video, la chaîne L’Équipe et BeIN Sports (qui ne détenait alors que deux matches), si le créneau du lundi soir existait déjà, les neuf autres matches étaient programmés le samedi (un à 15h et huit à 19h).

Par la voix de son directeur de la rédaction Florent Houzot, dans une interview au Parisien le 12 août, BeIN Sports justifie sa case du vendredi soir. « Sur la période 2012-2020, BeIN a toujours diffusé le multiplex le vendredi à 20 heures. Par conséquent, on n’a pas innové en demandant à la LFP de replacer le multiplex sur ce créneau », explique-t-il, après la période 2020-2024 où le multiplex était donc placé le samedi soir. Florent Houzot met aussi en avant le fait qu’« il n’y a pas eu de changement d’affluence radicale » dans les stades, et que les clubs, joueurs et entraîneurs étaient plus contents de jouer le vendredi.

Mais pour les supporters, habitués à se rendre au stade le week-end ou à effectuer de parfois longs déplacements à travers la France pour soutenir leur club, le coup est rude, l’énorme majorité d’entre eux travaillant la journée du vendredi et du lundi.

Pour cette première journée de Ligue 2 version 2024/2025, en plus des nombreuses banderoles critiquant BeIN Sports et les nouveaux horaires, les groupes de supporters qui mettent habituellement l’ambiance avec leurs chants et animations se sont aussi tous tus durant l’intégralité des rencontres, pour un silence bien inhabituel.

Celui-ci était en fait uniquement troublé par d’épisodiques chants hostiles à BeIN Sports et à la LFP. Sans doute bien embarrassés, les présentateurs et commentateurs de la chaîne privée n’ont fait aucune allusion à ces diverses manifestations.

Des groupes de supporters de Ligue 1 solidaires

À Amiens, un tract invitait à signer une « pétition nationale » au moyen d’un flashcode, distribué au stade de la Licorne, avant la réception du Red Star. Ce match a d’ailleurs lui aussi été brièvement interrompu après des jets de pétards.

Le club de Clermont Foot avait pour sa part posté sur son compte X une photo de joueurs de l’équipe arborant un t-shirt floqué du message « Pour une Ligue 2 le week-end », lors de l’échauffement précédant la rencontre contre Pau.

Solidaires, plusieurs groupes de supporters de clubs de Ligue 1 ont aussi apporté leur soutien à leurs homologues de l’échelon inférieur lors de la première journée. Notamment les Angevins et les Lensois lors de leur rencontre de dimanche, ou les Nantais à Toulouse le même jour.

La situation ne semble pas près de se décanter. Jusqu’à ce que des négociations aboutissent avec la Ligue et BeIN Sports pour changer la programmation des journées de Ligue 2, les associations de supporters ont déjà annoncé que la « grève » de toutes leurs animations en tribunes, ainsi que des actions visant à perturber la retransmission des rencontres, continueront.

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