Publicité

La BCE ouvre la porte à une action en décembre

LA BCE OUVRE LA PORTE À UNE ACTION EN DÉCEMBRE

par Francesco Canepa et Balazs Koranyi

FRANCFORT (Reuters) - La Banque centrale européenne (BCE) a laissé jeudi sa politique monétaire inchangée mais a ouvert la porte à des mesures de soutien supplémentaires en décembre pour contrer les dégâts économiques de la deuxième vague de la pandémie de coronavius qui déferle sur l'Europe.

Si elle n'a pas modifié les paramètres de sa politique, l'institution de Francfort a laissé entendre très clairement qu'elle se tenait prête à les ajuster dès sa prochaine réunion, répondant ainsi aux attentes des marchés.

"Nous reconnaissons tous le rôle et l'importance de la force motrice de la pandémie, et l'augmentation de la contagion, ainsi que l'impact que les mesures de restriction vont avoir sur l'économie", a déclaré la présidente de la BCE, Christine Lagarde, à l'issue de la réunion du Conseil des gouverneurs de l'institut d'émission.

"C'est sur ce constat et cette reconnaissance que nous nous sommes entendus, tous, sur la nécessité d'agir et donc de recalibrer nos instruments lors de la prochaine réunion de notre Conseil des gouverneurs", a-t-elle ajouté lors de sa conférence de presse.

En attendant, la BCE a laissé le taux de la facilité dépôt fixé à -0,5%, le taux de refinancement à zéro et le taux de la facilité de prêt marginal à 0,25%.

Parallèlement, la banque centrale s'engage à poursuivre ses achats de titres sur le marché dans le cadre du "programme d'achats d'urgence face à la pandémie" (pandemic emergency purchase programme, PEPP), dont l'enveloppe totale a été portée en juin de 750 milliards à 1.350 milliards d'euros.

De nouvelles mesures en décembre sont désormais quasiment certaines, indiquent les termes choisis pour le communiqué.

"En décembre, les nouvelles projections macroéconomiques des services de l’Eurosystème permettront une réévaluation approfondie des perspectives économiques et de la balance des risques", lit-on dans ce texte.

LES PERSPECTIVES SE DÉTÉRIORENT

"Sur la base de cette évaluation actualisée, le Conseil des gouverneurs recalibrera ses instruments, de façon adéquate, pour répondre à l’évolution de la situation et faire en sorte que les conditions de financement demeurent favorables et permettent de soutenir la reprise économique et de contrer l’incidence négative de la pandémie sur la trajectoire projetée de l’inflation, contribuant ainsi à la convergence durable de l’inflation vers son objectif, conformément à son engagement en faveur de la symétrie", poursuit le texte.

Lors de sa conférence de presse, la présidente de la BCE, Christine Lagarde, a expliqué que les prévisions de croissance à court terme se dégradaient clairement et que les pressions sur les prix demeuraient contenues.

"L'augmentation des cas de COVID-19 et l'intensification des mesures de restriction qui en découle pèsent sur l'activité, ce qui constitue un facteur de détérioration net pour les perspectives à court terme."

Ces annonces sont conformes aux prévisions des intervenants de marché, qui estimaient majoritairement que la BCE attendrait sa réunion de décembre pour agir face à la deuxième vague de COVID-19 qui vient de conduire la France et l'Allemagne à annoncer de nouvelles mesures de confinement susceptibles de peser sur leurs économies.

La BCE n'a plus beaucoup de marges de manoeuvre mais les marchés s'attendent néanmoins à la voir annoncer en décembre qu'elle augmente le volume de ses achats d'actifs et qu'elle offre aux banques des conditions de financement encore plus favorables.

Christine Lagarde devrait également maintenir la pression sur les gouvernements européens afin qu'ils assurent un soutien budgétaire massif et mettent rapidement en application un plan de relance de 750 milliards d'euros.

La réaction des marchés aux annonces de jeudi a été relativement modérée. L'euro a légèrement creusé ses pertes face au dollar et les rendements des emprunts d'Etat de référence de la zone euro ont peu varié.

Les indices boursiers européens, qui s'étaient retournés à la baisse avant même la publication du communiqué de la BCE, ont légèrement accentué leur repli dans un premier temps avant de se retourner à la hausse.

(version française Patrick Vignal, édité par Jean-Michel Bélot)