Bayer prêt à céder ses semences potagères pour Monsanto

BRUXELLES (Reuters) - Bayer compte vendre son segment semences potagères et octroyer à BASF un droit d'accès exclusif à ses données agricoles numériques afin d'apaiser une Commission européenne qui éprouve quelques soucis relatifs à son OPA sur Monsanto, ont déclaré jeudi trois sources au fait du dossier.

Le chimiste allemand a présenté cette proposition la semaine dernière à la suite des inquiétudes exprimées par la Commission européenne quant aux conséquences en termes de concurrence de l'acquisition du groupe américain pour 63,5 milliards de dollars (51,4 milliards d'euros), qui ferait de Bayer le numéro un mondial des semences et des pesticides.

L'exécutif européen a prolongé son examen du dossier jusqu'au 5 avril à la suite des nouvelles propositions soumises par Bayer.

Ce dernier a déjà accepté en octobre de céder pour 5,9 milliards d'euros d'actifs dans les semences et les herbicides à son compatriote BASF. Il avait toutefois dit s'attendre à ce que les autorités de la concurrence en réclament davantage.

Sa division de semences potagères, commercialisées sous la marque Nunhems, vend plus de 1.200 variétés de semences pour 25 espèces potagères.

Bayer propose de céder cette activité en un seul bloc, comprenant les droits de propriété intellectuelle et les sites de production, à un nouvel acteur de ce marché, qui ne doit pas être un fonds de capital investissement, ont dit les sources.

Concernant la collecte et la maîtrise des données dans l'agriculture numérique, Bayer a aussi accepté de donner à BASF une licence exclusive d'accès à sa plate-forme, ont ajouté ces sources.

La Commission européenne, Bayer et BASF ont refusé de s'exprimer sur le sujet.

Selon une autre source, Syngenta, autre géant de l'agrochimie lui-même récemment racheté par le chinois ChemChina, est très intéressé par les semences potagères de Bayer mais il n'est pas le seul. Le groupe suisse a refusé de répondre aux questions sur le sujet.

Les concurrents et les clients de Bayer ont jusqu'à vendredi pour transmettre à la Commission européenne leur avis sur les concessions proposées par le groupe allemand.

L'exécutif européen peut ensuite soit accepter les propositions de Bayer, soit en réclamer davantage, soit bloquer le rachat de Monsanto.

(Avec Ludwig Burger à Francfort et Oliver Hirt à ZurichWilfrid Exbrayat et Bertrand Boucey pour le service français)