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"Les batailles du Panthéon", la chronique de Teresa Cremisi

La France est un pays difficile à gouverner. J'ai honte de commencer par une banalité, mais nous sommes nombreux à avoir éprouvé un élan de compassion envers notre président à l'annonce d'une pétition pour faire entrer ensemble Rimbaud et Verlaine au Panthéon, suivie quelques jours plus tard d'une contre-pétition, émanant de rimbaldiens indignés. Ainsi, la présidence d'Emmanuel Macron – marquée par les Gilets jaunes, de fracassantes grèves pour les retraites, des mois de crise sanitaire, une crise économique et sociale et traversant diverses tensions internationales dont l'issue pèsera sur notre avenir – se trouve contrainte dans l'urgence de décider si les deux poètes doivent ou non rejoindre le "temple de la République" où reposent soixante-dix-huit autres grands hommes élus, un peu au hasard, par "la patrie reconnaissante".

Dans l'intention dépassionnée d'aider à la prise de décision, je résume les éléments du problème :

Pour l'entrée au Panthéon

Ce sont de grands poètes, connus dans le monde entier, ils font honneur à leur pays. À part Victor Hugo (qui y est plutôt entré à cause de son aura politique), la poésie n'est pas représentée. Quant à Rimbaud, de posters en pochoirs, il est devenu une "icône universelle", emblème de la jeunesse et de l'insoumission. L'opposition catégorique de la famille Rimbaud ne vaut rien juridiquement : le droit moral ne survit pas au moment où une œuvre tombe dans le domaine public. Rimbaud appartient donc à tous et c'est le Président qui dev...


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