La bataille sur les retraites en France, une révolution contre les élites
C’est par une chronologie des événements que le Corriere della Sera commence son analyse.
“La France a retrouvé sa malédiction, la réforme des retraites, la tombe des présidents, s’exclame le quotidien italien. François Mitterrand baissa l’âge de la retraite de 65 à 60 ans et se mit à dos l’establishment. Jacques Chirac l’augmenta et contraria le peuple. Désormais, c’est au tour de Macron de s’inquiéter.”
L’énorme mobilisation du 7 mars en est la preuve, selon le média milanais, qui enchaîne avec une question : “Pourquoi ce sont les retraites, et non pas par exemple les salaires ou le travail des jeunes, qui allument la mèche de la révolte ?”
Question rhétorique à laquelle le journal centriste répond par une analyse mi-sociétale, mi-philosophique : “L’explication est que rien ne symbolise mieux le contraste entre les élites et le peuple que les retraites, entre la base et le sommet de la pyramide, entre ceux qui t’expliquent comment devrait fonctionner le monde et l’homme commun qui vit dans ce monde tel qu’il est. Et puisque la plupart des femmes et des hommes font des travaux durs et mal payés et perçoivent la retraite comme une libération, parfois ces personnes s’indignent fortement. Ce n’est donc pas un hasard si deux tiers des électeurs soutiennent aujourd’hui la contestation.”
Or ces personnes, poursuit le Corriere della Sera, ont une spécificité : elles sont françaises. Ce qui veut dire qu’elles évoluent dans une société qui depuis toujours “n’est pas pragmatique mais idéologique, et n’avance pas par réformes mais par révolutions”.
Dès lors, l’opposition à la réforme des retraites ne peut se manifester que de la seule manière que les Français connaissent : en descendant dans la rue pour demander la tête des élites qui les gouvernent. Hier, en 1789, “on libérait les prisonniers politiques, aujourd’hui on démonte des distributeurs de billets, mais c’est toujours de révolte qu’il s’agit”, ironise le journal centriste.
Une révolte qui, cette fois, ne sera pas couronnée de succès, prédit le média après une rapide analyse des forces en présence au Parlement. Mais Emmanuel Macron ne pourra pas s’en réjouir pour autant : “Ce n’est pas en forçant de la sorte que l’on affronte les problèmes politiques, conclut le média italien, ce n’est pas de cette façon qu’on gouverne un grand pays européen.”
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