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Barrage partiellement détruit en Ukraine: pourquoi la centrale de Zaporijia n'est pas en "danger immédiat"

Barrage partiellement détruit en Ukraine: pourquoi la centrale de Zaporijia n'est pas en "danger immédiat"

Des inondations, des civils évacués, des dégâts environnementaux... et le spectre d'un risque nucléaire qui ressurgit. La destruction partielle du barrage de Kakhovka en Ukraine dans la nuit de lundi à mardi fait que la centrale nucléaire de Zaporijia, la plus grande d'Europe, "a perdu sa source de refroidissement" selon un conseiller à la présidence ukrainienne.

"Le monde se retrouve une fois de plus au bord d'une catastrophe nucléaire", a averti Mykhaïlo Podoliak.

Des experts de l'AIEA "surveillent de près la situation"

La direction de la centrale, installée par l'occupation russe, a néanmoins assuré que la situation était sous contrôle et qu'il n'y avait "pas de menace pour la sécurité" de celle-ci. "Le niveau de l'eau du bassin de refroidissement n'a pas changé", a encore indiqué Iouri Tchernitchouk. Qui croire en l'espèce?

L'AIEA (l'Agence Internationale de l'Énergie Atomique), plusieurs fois intervenue depuis le début de la guerre en février 2022, s'est à nouveau exprimée ce mardi face à la crainte d'une catastrophe nucléaire. L'organisation internationale rattachée à l'ONU s'est toutefois montrée rassurante, du moins à court terme.

"Les experts de l'AIEA" présents sur le site "surveillent de près la situation", a indiqué l'AIEA dans un tweet, estimant enfin qu'il n'y avait "pas de danger nucléaire immédiat" à la centrale.

De la chaleur à évacuer, "mais en très petite quantité"

Même diagnostic du côté de l'Institut français de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), qui écarte par ailleurs "tout risque d'inondation puisque le barrage est en aval, et non en amont", à 150 km, a précisé la directrice générale adjointe Karine Herviou. Emmanuelle Galichet, enseignante-chercheuse en physique nucléaire au Cnam, est du même avis.

"Il n'y a pas de danger aujourd'hui avec Zaporijia parce qu'elle est arrêtée et ne produit plus d'électricité. Il y a encore de la chaleur à évacuer mais en très petite quantité", explique-t-elle sur BFMTV.

"Sur les six cœurs, il y en a un qui est en arrêt à chaud, les cinq autres sont en arrêt à froid", poursuit la maître de conférences sur notre antenne, "vous êtes en dessous de 0,1% de la puissance qu'elle produisait quand elle était en exploitation".

Quatre jours de répit, puis "quelques" autres pour trouver une solution

Emmanuelle Galichet précise aussi que "d'autres sources autour sont largement suffisantes pour faire le refroidissement" et que "le réservoir est toujours avec au moins 16m de hauteur en eau".

L'eau du réservoir se situait effectivement en début de matinée à environ 16,4 mètres ce qui permet à celui-ci d'être opérationnel durant les quatre prochains jours", selon la société ukrainienne exploitante Ukrgidroenergo. Si elle tombe au-dessous de 12,7 mètres, elle ne pourra plus être pompée pour alimenter les circuits de refroidissement de la centrale, ce qui laisse seulement "quelques jours" pour trouver une solution, a néanmoins averti la société.

Les dégâts occasionnés au barrage "provoquent actuellement une diminution de l'ordre de 5 centimètres par heure", a précisé le directeur général de l'AIEA Rafael Grossi.

Un "grand bassin" comme éventuelle source de substitution

Le refroidissement du combustible des cœurs des réacteurs ainsi que celui placé dans les piscines d'entreposage n'est donc pas d'une extrême urgence, mais d'une urgence malgré tout.

"Une défaillance prolongée du refroidissement conduirait à un accident de fusion et à des rejets radioactifs dans l'environnement", souligne l'IRSN - un scénario similaire à ce qui s'était passé à Fukushima au Japon lors du puissant séisme qui avait provoqué un tsunami en mars 2011.

Les responsables du site recherchent "des sources de substitution", précise l'agence onusienne, qui mentionne l'existence d'un "grand bassin" de rétention à proximité. Étant donné que les réacteurs ont été stoppés, "il pourrait être suffisant pour fournir de l'eau pendant quelques mois", a indiqué Rafael Grossi.

Article original publié sur BFMTV.com