Barnier espère finaliser rapidement son gouvernement, le MoDem acte sa participation
Épilogue ce samedi pour la formation du gouvernement ? Après de "derniers ajustements", Michel Barnier a transmis vendredi soir une liste de noms "finalisée" au chef de l'Etat et le MoDem a acté sa participation, même si des députés du parti centriste, inquiets d'une équipe marquée trop à droite, restent réservés.
Le Premier ministre, qui a "pleine liberté" pour composer son gouvernement assure Emmanuel Macron, espère toujours pouvoir le présenter "avant dimanche".
"Tout dépend de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique", qui doit vérifier qu’aucun ministre pressenti ne se trouve en délicatesse avec le fisc ou ne présente de conflit d’intérêts, souligne-t-on samedi dans l'entourage du Premier ministre.
En attendant, ce dernier s'est entretenu vendredi soir avec le chef de l'Etat après lui avoir adressé "la composition finalisée du gouvernement", a-t-on ajouté de même source.
Jeudi, une liste de 38 ministres, dont 16 de plein exercice, a été transmise au président de la République. Mais certaines personnalités, très à droite (comme Bruno Retailleau à l'Intérieur ou, à la Famille, la sénatrice LR Laurence Garnier, opposée au mariage homosexuel) suscitent des inquiétudes au sein du camp présidentiel, notamment au MoDem.
Après des hésitations, le parti a finalement acté sa participation.
"Si on fait le constat qu’il manque le flotteur gauche, on ne va pas enlever la quille du bateau. Partir aurait affaibli le gouvernement. Nous aurons un rôle vigie", explique dans Sud-Ouest Fabien Robert, son secrétaire général adjoint.
"On ne se sacrifie pas dans une situation pareille. Il faut faire confiance au Premier ministre", abonde sur Sud Radio Bruno Millienne, porte-parole.
Mais le groupe reste plus réservé. "Nous n'avons pas reçu la liste finalisée. Y a-t-il eu rééquilibrage ?, s'interroge Perrine Goulet, députée MoDem dans la Nièvre.
Quid notamment de Laurence Garnier ? Le nom du sénateur Renaissance Xavier Iacovelli est désormais évoqué à la Famille, selon des sources concordantes. Sa collègue LR sera-t-elle maintenue dans l'équipe ? Définitivement écartée ?
"En tous cas, nous ne nous sentons pas liés au parlement et on décidera de notre position texte par texte", relève Perrine Goulet.
La liste "finalisée" de Michel Barnier sera-t-elle la dernière ? Ces derniers jours, "les noms bougent dans tous les sens", résume un conseiller ministériel.
A l'Education, le plus gros ministère, l'élue macroniste du Nord Violette Spillebout aurait été écartée. La députée Renaissance des Français de l'étranger, Anne Genetet, aurait été approchée pour le poste, désigné par le chef de l'Etat en 2023 comme un "domaine réservé".
Plus de deux semaines après l'arrivée à Matignon de Michel Barnier, le camp présidentiel reste divisé sur la marche à suivre.
Face à ces hésitations, au nom de "l'intérêt collectif", Emmanuel Macron a exhorté ses alliés à "aider" le Premier ministre à former son gouvernement.
- "Ligne rouge" -
Mais certaines voix chez Horizons, qui n'aurait qu'un ministre de pleine exercice, ne semblent pas plus convaincues. Nommer Laurence Garnier, c'est franchir "une ligne rouge" pour Pierre-Yves Bournazel.
Même désaccord au sein de l'aile gauche de Renaissance. "On n'est pas là pour faire Fillon II. Quand on vient de la gauche, on a rien à faire dans un gouvernement comme celui-là", regrette dans Le Parisien l'ancien ministre de l'Agriculture Stéphane Travert, ex-socialiste qui a rejoint la macronie.
"Aucune ambiguïté" n'a été levée sur la politique qui sera menée par Michel Barnier, déplore un autre membre de l'ex-majorité. "Aucune. Sur l'immigration, les impôts, la bioéthique…"
- "Election volée" -
La gauche, arrivée en tête des législatives, s'indigne.
"Personne" au Nouveau Front populaire "ne veut aller dans ce Radeau de la méduse qui est déjà en train de couler", a dénoncé sur France inter l'eurodéputée insoumise Manon Aubry, dénonçant une équipe qui sera, selon elle, "sous perfusion de l'extrême droite".
Ecologistes et insoumis devaient se joindre à des manifestations organisées samedi dans plusieurs villes de France par des associations, des organisations étudiantes, environnementales et féministes contre le tandem Macron-Barnier.
"C’est une question de dignité pour tout un peuple, après une élection niée et volée par le président de la République", relève la cheffe de file des députés insoumis, Mathilde Panot.
LFI entend "augmenter la pression populaire" après une première journée de contestation le 7 septembre.
A Paris, entre 20.000 et 40.000 personnes sont attendues, selon une source policière.
Le chef de l'Etat a installé à Matignon "un Premier ministre de droite dure, anti-social, anti-migrants, au passé homophobe et qui ne pourra gouverner qu’avec l’accord permanent de Marine Le Pen", ont écrit dans leur appel à la mobilisation l'Union étudiante, l'Union syndicale et lycéenne, le Planning familial ou encore Attac France.
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