Barbarie nazie : Samuel Pintel, l'enfant qui a échappé à la rafle d'Izieu, témoigne

"Pour beaucoup de mes compagnons, la colonie d’Izieu fut un lieu idyllique. Mais, bien que chanceux d’avoir pu y vivre en sécurité, pour moi, le petit Sam de 6 ans, ce fut un épisode douloureux. Je ne savais pas si j’allais revoir ma mère… C’est un long voyage qui m’a conduit dans ce village de l’Ain. Mes parents, Jacob et Thérèse Pintel, sont des Juifs polonais qui ont émigré à Paris en 1933. Lorsque la guerre est déclarée, mon père s’engage dans l’armée française. Il est fait prisonnier. Avec ma mère, nous quittons la capitale en 1943 pour fuir les persécutions. Quand nous franchissons la ligne de démarcation, les gendarmes nous arrêtent. On nous envoie au camp de Douadic, dans l’Indre, puis nous sommes assignés à résidence à Annecy."

"Le 16 novembre 1943, les Allemands font une rafle à l’hôtel des marquisats où nous vivons. Ma mère me confie à la seule résidente non juive en me disant : "Ne viens pas avec moi, je ne suis plus ta mère, va avec cette femme." Cette inconnue, dont hélas je n’ai jamais su le nom, m’emmène à Chambéry. Je suis pris en charge par un homme qui m’installe dans une carriole où se trouvent déjà d’autres enfants. J’ai froid. Nous partons pour un périple de 45 kilomètres à travers la montagne. Ce bienfaiteur est Miron Zlatin. Je viens de rejoindre la colonie d’Izieu avec d’autres enfants juifs venus de toute l’Europe. Je l’ignore alors, car comme ma mère me l’a appris, je dois cacher ma judéité."

"Les fêtes de Noël approchent. L’institutrice nous fait apprendre (...)

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