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Barbara enchante Binoche

En échappant aux pièges balourds du biopic, l’actrice accompagnée du pianiste Alexandre Tharaud a livré à Avignon un subtil hommage à «la dame en noir».

Au début, on a un peu peur. Peur que cet hommage à Barbara soit privé de chansons, que Juliette Binoche ne les transforme en récitatif, qu’elle s’empare de son autobiographie, ou de quelques bribes d’interviews mais que l’élan de la musique soit réservé au pianiste virtuose Alexandre Tharaud, qui s’en donne à cœur joie entre plusieurs pianos dont un tout petit : un Korg. Barbara, qui aimait pianoter sur les tables comme les enfants, en possédait un. Le simple énoncé des paroles a cependant l’intérêt de souligner la quotidienneté des chansons, et combien elles tenaient lieu de journal, servaient d’exutoire au malheur comme aux joies.

On a tort de s’inquiéter. La représentation va crescendo, au fur et à mesure que la comédienne se saisit des chansons, bascule de la parole aux chants et réciproquement, non à la manière de Barbara, mais avec sa voix à elle, un peu grave. Le parcours de Binoche sur scène suit celui de Barbara dans la vie. D’abord timide, elle déploie ses ailes de plus en plus diva, jusqu’à l’excentricité - et c’est l’aigle noir que l’on voit à travers le costume de l’actrice, une combinaison noire aux manches bouffantes, multifonctionnelle puisqu’elle évoque l’intimité comme l’habit de gala, pyjama autant que robe de soirée. Un phénomène étrange se produit : plus la comédienne se projette dans le chant sans jamais chercher la ressemblance, plus on hallucine Barbara dont on voit la vie, la maison de Plessis, les fleurs du jardin, son plaisir de la terre, mais aussi son lien à sa mère, la «dégaine dégainée» de la prostitution rêvée ou effectuée à travers la chanson Hop là. Juliette Binoche n’a pas peur de se coltiner le plus sombre de la vie de la chanteuse : l’inceste, et l’impossibilité d’arriver à temps au chevet de son père pour qu’elle lui «pardonne». «On dit que je suis triste. Je ne suis pas triste (...) Lire la suite sur Liberation.fr

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