Barack Obama discute Iran et Syrie avec le roi d'Arabie saoudite

Barack Obama et le roi Abdallah d'Arabie saoudite, à Ryad. Le président américain espère convaincre les dirigeants du royaume wahhabite que les craintes d'un désengagement de Washington au Proche-Orient sont sans fondement. /Photo prise le 28 mars 2014/REUTERS/Kevin Lamarque

par Jeff Mason et Steve Holland RYAD (Reuters) - Barack Obama a déclaré vendredi au roi Abdallah d'Arabie saoudite qu'il n'accepterait pas un mauvais accord sur le programme nucléaire de l'Iran, a annoncé un responsable américain en rendant compte d'un entretien de deux heures. Si les deux chefs d'Etat ont discuté de leurs "différends tactiques", ils ont reconnu être sur la même ligne en ce qui concerne leurs intérêts stratégiques, a indiqué ce responsable. Selon un communiqué publié par la Maison blanche à l'issue des deux heures de discussion, Barack Obama a réaffirmé l'importance pour lui de liens "forts" entre les Etats-Unis et l'Arabie saoudite, premier exportateur mondial de pétrole. "Je pense qu'il était important d'avoir la possibilité de venir le rencontrer (le roi Abdallah) de visu et de lui expliquer la détermination du président à empêcher l'Iran d'obtenir l'arme nucléaire", a indiqué le responsable. La réunion a permis d'assurer au roi que "nous n'accepterons pas un mauvais accord et que l'accent mis sur la question nucléaire ne signifie pas que nous ne sommes pas préoccupés (...) par les activités déstabilisatrices de l'Iran dans la région." Le président et le roi ont également abordé en profondeur le dossier syrien. Les deux pays travaillent "très bien" ensemble à promouvoir la transition politique et à soutenir les groupes modérés de l'opposition, a expliqué le responsable américain. L'Arabie saoudite n'a pas fait de commentaire immédiat sur la rencontre. Mais, selon la presse d'Etat, les discussions ont été centrées sur la paix au Proche-Orient et la crise syrienne. Selon le communiqué de la Maison blanche, les deux pays coopèrent sur la Syrie et l'Iran ainsi que dans la lutte contre l'extrémisme et soutiennent les discussions de paix au Proche-Orient. Barack Obama a été reçu par le roi Abdallah et plusieurs autres membres de la famille régnante à la résidence royale de Raoudat Khouraïm, au nord-est de Ryad. ASSISTANCE RESPIRATOIRE Le roi, âgé de 89 ans, paraissait en bonne forme, bien qu'équipé apparemment d'un petit appareil d'assistance respiratoire. La télévision saoudienne a montré Barack Obama, qui était accompagné du secrétaire d'Etat John Kerry et de sa conseillère à la sécurité nationale, Susan Rice, écoutant attentivement pendant que le roi parlait. Dans le dossier syrien, les dirigeants saoudiens souhaitent que les Etats-Unis infléchissent leur position à l'égard des rebelles, que Ryad soutient activement. Ils se sont inquiétés par le passé des réticences de Washington à fournir des missiles sol-air aux insurgés, craignant qu'ils ne tombent entre les mains d'islamistes. "Lors de son entrevue avec le roi Abdallah à Ryad, le président Obama a souligné l'importance que les Etats-Unis accordent à leur étroite relation avec l'Arabie saoudite qui dure depuis plus de 80 ans", dit la Maison blanche. Selon le conseiller adjoint à la sécurité nationale, Ben Rhodes, la coordination avec l'Arabie saoudite sur le dossier syrien, notamment en ce qui concerne l'aide aux rebelles, s'est améliorée. "C'est en partie la raison pour laquelle je pense que nos rapports avec les Saoudiens sont meilleurs qu'au cours de l'automne dernier, lorsque nous avions certaines divergences stratégiques sur notre politique syrienne", a-t-il déclaré aux journalistes qui accompagnaient la délégation à bord de l'avion présidentiel. Selon le Washington Post, les Etats-Unis seraient prêts à intensifier leur aide secrète aux rebelles syriens dans le cadre d'un programme en discussion avec leurs alliés au Proche-Orient, notamment l'Arabie saoudite. La famille régnante saoudienne, sunnite, juge impératif de faire tomber le régime d'Assad afin de faire barrage à la domination de l'Iran chiite sur les pays arabes, point de vue que ne partage pas Washington. En aidant les insurgés, les Saoudiens espèrent modifier l'équilibre des forces pour amener les principaux soutiens du régime syrien à accepter l'idée d'une alternance politique. (Eric Faye, Guy Kerivel, Jean-Philippe Lefief et Danielle Rouquié pour le service français)