L'Otan reste ferme, mais dans le dialogue, avec la Russie

VARSOVIE (Reuters) - Les dirigeants de l'Otan réunis vendredi à Varsovie ont décidé de déployer une force multinationale dans les pays baltes et la Pologne afin de prévenir toute agression de la Russie, avec laquelle le dialogue est toutefois maintenu. Malgré cette annonce à même d'irriter Moscou, le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a dit l'importance de ne pas isoler la Russie, qui sera informée la semaine prochaine des décisions prises lors du sommet organisé dans la capitale d'un pays de l'ancien bloc soviétique. "Ces bataillons seront robustes et ils seront multinationaux. Ils signifient qu'une attaque contre l'un des alliés sera considérée comme une attaque contre l'Alliance dans son ensemble", a-t-il déclaré au terme d'une première après-midi de travaux entre les 28 pays membres de l'Otan. "Tandis que nous renforçons notre dissuasion et notre défense, nous continuons à rechercher un dialogue constructif avec la Russie. La Russie ne peut pas et ne doit pas être isolée", a-t-il ajouté. Pour son dernier sommet de l'Alliance en tant que président, Barack Obama a appelé ses partenaires à rester fermes vis-à-vis de Moscou et à "défendre chacun des alliés de l'Otan". DÉFIANCE ENVERS MOSCOU Dans une tribune publiée dans le Financial Times avant son arrivée en Pologne, il invite à dialoguer avec la Russie tout en approuvant le choix des Européens de maintenir les sanctions contre Moscou dans l'attente de la mise en oeuvre complète des accords de Minsk relatifs au conflit en Ukraine. "Nous devons soutenir la défense de nos alliés en Europe centrale et orientale, consolider notre force de dissuasion et développer notre résistance face aux nouvelles menaces, y compris les cyberattaques", ajoute-t-il. Toute agression de Moscou engendrera une réponse de la part de l'Alliance, a confirmé un responsable de la Maison blanche. L'Estonie, la Lettonie, la Lituanie et la Pologne, toutes membres de l'Otan, soupçonnent les Russes de vouloir déstabiliser leurs gouvernements pro-occidentaux. Ces pays vont donc bénéficier du déploiement de quatre bataillons de l'Otan, soit 3.000 à 4.000 hommes au total. La France enverra des effectifs en 2017 en Estonie, puis en 2018 en Lituanie dans le cadre de la brigade franco-allemande. La défiance reste grande envers Moscou, plus de deux ans après l'annexion de la Crimée, en mars 2014. "Nous devons rejeter toute vue de l'esprit quant à une relation de coopération pragmatique avec la Russie, tant qu'elle continue à envahir nos voisins", a ainsi déclaré le ministre polonais des Affaires étrangères, Witold Waszczykowski. Le conflit en Ukraine, qui perdure, sera abordé samedi à Varsovie en présence du président ukrainien, Petro Porochenko. Le sujet a fait l'objet d'un entretien téléphonique vendredi entre le président français François Hollande, le président russe Vladimir Poutine et la chancelière allemande Angela Merkel. [nL8N19U3BI] Pour le président du Comité militaire de l'Otan, le général Petr Pavel, la Russie cherche à restaurer son image de grande puissance, y compris sur le plan militaire. "Nous devons accepter le fait que la Russie peut être un concurrent, un adversaire, un pair ou un partenaire et probablement les quatre à la fois", a-t-il déclaré. CONSÉQUENCES DU BREXIT A Varsovie, François Hollande a cherché à apaiser les craintes de Moscou concernant les intentions de l'Alliance atlantique, notamment en matière de défense antimissile. "L'Otan n'a pas du tout vocation à peser sur les relations que l'Europe doit avoir avec la Russie. Et pour la France la Russie n'est pas un adversaire, n'est pas une menace", a-t-il déclaré à la presse. Moscou a dit son intention de déployer des missiles nucléaires à Kaliningrad, enclave russe située entre la Pologne et la Lituanie, en réponse aux projets de l'Alliance de déployer un bouclier antimissile sur le sol polonais. Outre les relations avec la Russie, les conséquences du choix du Royaume-Uni de quitter l'Union européenne ont constitué l'autre grand sujet de ce sommet de l'Otan. Dans le Financial Times, Barack Obama affirme que la "relation spéciale" entre son pays et le royaume demeurera en dépit du choix des Britanniques, contre lequel il avait mis en garde. Le Premier ministre britannique, David Cameron, a répété à Varsovie que la décision de son pays ne signifiait pas "tourner le dos à l'Europe ni tourner le dos à la défense et la sécurité européennes". (Gabriela Baczynska, Wiktor Szary, Robin Emmott, Paul Taylor, Elizabeth Piper et Elizabeth Pineau, édité par Jean-Philippe Lefief)