Bangladesh: Nouveaux transferts de Rohingyas sur une île isolée

BANGLADESH: NOUVEAUX TRANSFERTS DE ROHINGYAS SUR UNE ÎLE ISOLÉE

par Ruma Paul

DACCA (Reuters) - Plus de 1.400 réfugiés musulmans Rohingyas de Birmanie ont été transférés samedi sur une île isolée du Golfe du Bengale malgré l'opposition de groupes de défense des droits de l'homme, préoccupés par la vulnérabilité du site aux tempêtes et aux inondations.

En incluant un groupe de taille similaire déplacé vendredi, ce transfert porte à environ 6.700 le nombre de réfugiés Rohingyas que le Bangladesh a transférés sur l'île de Bhasan Char depuis décembre.

Le Bangladesh affirme que ces déplacements sont volontaires, mais certains des premiers groupes de réfugiés transférés ont dit avoir été contraints. Le gouvernement affirme également que la surpopulation dans les camps de réfugiés du district de Cox's Bazar alimente la criminalité.

"Cette fois, nous avons reçu un total de 3.242 Rohingyas en deux jours. Tout le monde est satisfait des arrangements ici", a déclaré à Reuters l'officier de marine Abdullah Al Mamun Chowdhury, en charge de l'île.

Les Rohingyas, un groupe minoritaire qui a fui la violence de la Birmanie voisine, à majorité bouddhiste, ne sont pas autorisés à quitter l'île qui se trouve à plusieurs heures de trajet du port sud.

Le gouvernement de Dacca veut déplacer 10% du million de réfugiés vivant dans des camps frontaliers délabrés.

Deux réfugiés Rohingyas qui ont déménagé vendredi avec leurs familles ont déclaré à Reuters que de fréquentes violences dans les camps les avaient contraints à partir.

"Nous vivons dans la peur (...). Ces derniers temps, presque tous les jours, il y a des échanges de tirs et des attaques (...)", a déclaré un réfugié de 28 ans, qui a demandé à ne pas être nommé pour peur des représailles.

"Les meurtres, les enlèvements, les viols, les drogues et autres crimes ont augmenté ces jours-ci", a déclaré un réfugié de 42 ans, qui a déménagé avec sa femme et ses six enfants.

Deux autres hommes Rohingyas ont déclaré à Reuters qu'ils avaient déménagé volontairement dans "l'espoir d'une vie meilleure".

Le gouvernement a rejeté les préoccupations en matière de sécurité sur l'île, citant la construction de défenses contre les inondations ainsi que des logements pour 100.000 personnes, des hôpitaux et des centres anti-cyclones.

Le Bangladesh a été critiqué pour sa réticence à consulter l'agence des Nations Unies, ainsi que d'autres organismes d'aide, au sujet des réfugiés et de leur transfert.

Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés affirme que l'agence n'a pas été autorisée à évaluer la sécurité et la durabilité de la vie sur l'île.

(Version française Benjamin Mallet)