La baisse des naissances en France en 2023 est d’une ampleur inédite depuis la fin du baby-boom, selon l’Insee
NATALITÉ - La baisse des naissances est significative. En 2023, 677 800 bébés sont nés en France, soit 6,6 % de moins qu’en 2022. C’est la chute de la natalité la plus forte observée sur une année depuis la fin du baby-boom, selon l’Insee, qui publie ces chiffres ce 14 novembre. La tendance n’est pas pour autant nouvelle : les naissances ont diminué de près de 20 % entre 2010 et 2023.
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Selon le recensement annuel de l’Institut national de la statistique et des études économiques, les naissances en France ont donc reculé de 6,6 % entre 2022 et 2023, après un rebond en 2021. « Il s’agit d’une diminution d’une ampleur inédite depuis la fin du baby-boom au milieu des années 1970, souligne l’Insee dans son étude. Même en 1983 et 1993, années de fort repli dans un contexte de mauvaise conjoncture économique, la baisse avait été moins forte. »
Si la baisse de la natalité en France est donc très marquée en 2023, elle s’inscrit dans une tendance de fond (voir le graphique ci-dessous). Depuis 2010, dernier point haut enregistré, il y a de moins en moins de naissances, malgré un léger rebond en 2021 post-crise du Covid : elles ont baissé d’exactement 19,8 % entre 2010 et 2023.
Un recul plus net chez les 25-34 ans
Si l’Insee ne donne pas de raisons à cette baisse dans son rapport, plusieurs éléments sont intéressants. Quand on entre dans le détail, la diminution entre 2022 et 2023 concerne toutes les tranches d’âge. Y compris chez les femmes les plus âgées, ce qui n’était pas le cas auparavant. « Auparavant, avec le report de l’âge à la maternité, les naissances de mères de 35 ans ou plus augmentaient », note l’Insee. Ce n’est pas le cas en 2023 : la baisse est de 4,2 % pour les mères de âgées de 35 à 39 ans et de 5 % pour celles âgées d’au moins 40 ans.
Autre fait nouveau, chez les 25-34 ans : les naissances y reculent davantage que la moyenne. On observe une baisse de 7,4 % pour les mères âgées de 25 à 29 ans et de 8,6 % pour celles de 30 à 34 ans. Une tendance plus prononcée que les moyennes observées depuis 2010. En ce qui concerne celles de moins de 25 ans, la diminution annuelle est stable.
En 2023, la majorité des bébés (60 %) naissent de mères qui ont entre 25 et 34 ans, ce qui était déjà le cas en 2010 (63 %). 28 % des mères ont au moins 35 ans – parmi lesquelles 7 % ont au moins 40 ans –, contre 21 % en 2010 (voir le graphique ci-dessous).
La baisse s’accentue en zone rurale
Quand on s’intéresse aux zones géographiques, l’Insee souligne que la natalité baisse partout entre 2022 et 2023, y compris dans les départements d’Outre-Mer même si la tendance y est un peu moins prononcée.
Dans les zones rurales, qui concentrent environ un quart des naissances, les naissances reculent à nouveau, alors qu’elles avaient été épargnées pendant la crise du Covid. La baisse est de 9,1 % pour les zones périurbaines et 8,4 % pour les autres. À l’inverse, dans les grands centres urbains – Paris ou hors Paris –, qui concentrent 45 % des naissances, la diminution des naissances est légèrement plus faible que la moyenne (5 %).
Dans les communes urbaines de densité intermédiaire, on retrouve des chiffres proches de la moyenne nationale.
Même tendance globale en Europe
La baisse des naissances entre 2022 et 2023 est plus marquée en France que dans l’ensemble de l’Union européenne (5,5 % dans l’ensemble de l’UE). Elle l’est en revanche moins si on prend la période entre 2019 et 2023 : elle est de 10 % en France, contre 12 % dans l’ensemble de l’Union.
Selon l’Insee, la baisse s’accentue en 2023 (- 5,7 %) dans les pays de l’ouest de l’Europe, qui comptent la France, l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas. Mais c’est à l’est qu’elle est la plus forte (- 9,3 %), en Bulgarie, Hongrie, Pologne, Roumanie, Slovaquie, et Tchéquie.
Dans le sud de l’UE, qui comprend Chypre, la Croatie, l’Espagne, la Grèce, l’Italie, Malte, le Portugal et la Slovénie, la diminution des naissances est moins forte, puisqu’elle n’est que de 2,7 %. Au nord – Danemark, Estonie, Finlande, Irlande, Lettonie, Lituanie, Suède –, la baisse de la natalité est de 3,4 %.
Dans les pays du sud et de l’est, la baisse de la natalité provient cependant en partie du fait qu’il y a moins de femmes en âge d’avoir des enfants. Depuis 2019, le nombre de femmes âgées de 15 à 49 ans diminue dans ces pays, alors qu’il est stable à l’ouest et au nord de l’UE.
Au Royaume-Uni, qui ne fait plus partie de l’UE, le nombre moyen d’enfants nés d’une femme au cours de sa vie est tombé en 2023 à 1,44 enfant par femme, le chiffre le plus bas relevé depuis le début des analyses en 1938.
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