Bain veut introduire en Bourse les puces de Toshiba d'ici 3 ans

par Makiko Yamazaki et Junko Fujita

TOKYO (Reuters) - Bain Capital a annoncé jeudi son intention d'introduire en Bourse la division puces mémoires de Toshiba d'ici trois ans sur le Tokyo Stock Exchange, le fonds d'investissement américain espérant par là récolter les fruits du rachat pour 2.000 milliards de yens (15,1 milliards d'euros) de l'activité.

Bain, à la tête du consortium qui a signé la semaine dernière l'accord d'achat avec le conglomérat industriel japonais, a également dit espérer régler rapidement les différends juridiques avec l'américain Western Digital.

Ce dernier, qui exploite en partenariat avec Toshiba la plus grande usine de semi-conducteurs du groupe au Japon et qui participait lui-même à un consortium concurrent, a multiplié les obstacles judiciaires pour défendre ses intérêts.

Le consortium emmené par Bain comprend Apple, le fabricant de semi-conducteurs sud-coréen SK Hynix ainsi que les groupes américains Dell, Seagate Technology et Kingston Technology.

Toshiba, qui espère finaliser la cession de sa division puces mémoire d'ici la fin de l'exercice fiscal, le 31 mars, de l'exercice 2017-2018, a besoin du produit de la transaction pour restaurer son bilan après la faillite de sa division nucléaire américaine et pour éviter une éventuelle radiation de la cote.

Bain, conscient de cette course contre la montre, a, dès le lendemain de la signature avec Toshiba, déposé un dossier d'approbation de l'acquisition auprès des autorités chinoises, a dit une source proche du dossier.

Plusieurs sources ont dit à Reuters que la dimension stratégique des semi-conducteurs pour la Chine, ainsi que des complications d'ordre politique, notamment les relations tendues entre Pékin et Séoul alors que le sud-coréen SK Hynix participe au consortium, pourraient ralentir le processus.

WESTERN DIGITAL RESTE UN PARTENAIRE IMPORTANT

A l'occasion de sa première conférence de presse depuis la signature de l'accord d'acquisition, Yuji Sugimoto, à la tête de Bain Capital au Japon, a dit à des journalistes que le fonds espérait stabiliser l'activité des puces mémoire à la faveur de contrats avec Apple.

"Nous avons déjà déposé le dossier auprès des autorités(antitrust) pour approbation au niveau mondial. Nous faisons tout pour boucler l'accord d'ici fin mars", a-t-il précisé.

La cession reste toutefois soumise à l'issue du conflit judiciaire avec Western Digital qui a lancé une offre concurrente et cherche à obtenir le blocage par la justice de toute opération qui n'aurait pas obtenu son consentement.

Western Digital a versé 16 milliards de dollars l'an dernier pour acquérir SanDisk, le partenaire de Toshiba dans les semi-conducteurs depuis 2000. Le groupe estime que les puces mémoires sont une source essentielle de croissance et veut donc éviter que l'activité se retrouve dans les mains de concurrents.

"Western Digital reste un partenaire important de coentreprise", a dit Yugi Sugimoto à la presse. Bain "contribuera à résoudre les conflits juridiques (entre Toshiba et Western Digital) et les aidera à croître ensemble."

Mais il a ajouté que Bain comptait finaliser l'opération même si les conflits n'étaient pas réglés auparavant.

Toshiba a dit dans le passé que la coentreprise avec Western Digital représentait une part minuscule de la division puces et que le groupe pouvait vendre l'activité sans la coentreprise. Western Digital est en désaccord là aussi.

Pour Bain, l'opération s'inscrit dans le cadre d'une stratégie d'expansion au Japon. Quelques jours après l'accord avec Toshiba, Bain a lancé une offre de 1,4 milliard de dollars sur la troisième agence de publicité japonaise, Asatsu-DK, dans l'une des plus importantes opérations de rachat avec effet de levier au Japon cette année.

(Benoit Van Overstraeten et Juliette Rouillon pour le service français)