Les bailleurs de fonds réclament des têtes

La réforme de l’armée et de la police risque d’être compromise. La décision de la Commission de l’Union européenne (UE), principal partenaire du développement du pays, de réexaminer l’aide accordée fait craindre le pire. Pour certains observateurs, cette décision risque de fragiliser davantage le président Malam Bacai Sanhá, au pouvoir depuis 2009. Les efforts déployés depuis bientôt deux ans par le gouvernement du Premier ministre Carlos Gomes Júnior, alias “Cadogo fils”, pour assainir les finances pu­bliques pourraient, préviennent-ils, être anéantis si l’UE mettait à exécution ses menaces. Cette décision risque en effet de priver la Guinée-Bissau d’une importante manne financière dont elle ne peut se passer. Le montant de l’aide de l’UE pour la période 2008-2013 est estimé à environ 102,8 millions d’euros. L’aide destinée à la population, qui vit dans la précarité, pourrait toutefois être maintenue.

Cette décision fait suite à l’investiture, le 29 juin, du colonel Antonio Indjai au poste de chef d’état-major général des forces armées par le président Malam Bacai Sanhá. La cérémonie a été boycottée par les diplomates occidentaux, qui continuent de réclamer la libération de son prédécesseur, le général José Zamora Induta, et du colonel Samba Djalo, arrêtés le 1er avril et détenus à la prison de ­Mansôa, située à 63 kilomètres au nord-est de Bissau. Malgré les protestations de la communauté internationale, le colonel putschiste, qui est soutenu par une partie de l’armée, bénéficie aussi de la confiance du chef de l’Etat. Malam Bacai Sanhá dit avoir agi en toute souveraineté en tant que président de la République. “Nous avons pris la décision de manière souveraine, car la Guinée-Bissau est un pays souverain”, a-il déclaré lors de la cérémonie d’investiture du nouveau patron de ­l’armée. Aujourd’hui, malgré ces assurances, beaucoup estiment que le chef de l’Etat est bel et bien otage de l’armée. Celle-ci lui dicte sa loi et impose ses hommes sans trop se soucier des condamnations venues de l’étranger. “Le président n’avait pas tellement le choix. Il a été mis devant le fait accompli par l’armée, qui continue depuis l’indépendance du pays de dicter sa loi à l’élite politique. Je crois qu’il a dû accepter ce choix pour sauver son régime”, fait savoir un analyste politique.

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