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« Le béluga dans la Seine n’est pas à l’article de la mort, mais il faut agir très rapidement »

A beluga whale swims between two locks on the Seine river, in Notre-Dame-de-la-Garenne, northwestern France, on August 6, 2022. - The beluga whale appears to be underweight and officials are worried about its health, regional authorities said. The protected species, usually found in cold Arctic waters, had made its way up the waterway and reached a lock some 70 kilometres (44 miles) from Paris. The whale was first spotted on August 2, 2022 in the river that flows through the French capital to the English Channel, and follows the rare appearance of a killer whale in the Seine just over two months ago. (Photo by JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP)

JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP

Le beluga bloqué dans la Seine nage dans le bassin de l’écluse de Notre-Dame-de-la-Garenne dans l’Eure.

ANIMAUX - Le temps est compté pour tenter de sauver le béluga aperçu il y a cinq jours dans la Seine et qui nage depuis deux jours dans le bassin de l’écluse de Notre-Dame-de-la-Garenne (Eure). À 70 kilomètres de Paris, le cétacé est bien loin de son habitat naturel, lui dont l’espèce protégée préfère les eaux froides de l’estuaire du Saint-Laurent au Canada ou celles des Svalbard, archipel de Norvège.

L’animal est surtout très affaibli et l’association Sea Shepherd France qui assure une surveillance continue ne veut pas donner de faux espoirs. Sa présidente Lamya Essemlali qui est en contact étroit avec la sous-préfète d’Évreux Isabelle Dorliat-Pouzet fait le point sur la situation.

Comment s’organise la surveillance ?

Nous avons, à Sea Shepherd, une équipe de 10 personnes que nous relayons en permanence pour avoir une surveillance ininterrompue. Mais il faut savoir que nous n’avons pas d’expertise précise, ici en France, car le béluga n’est pas un animal qui vit à nos latitudes. C’est d’ailleurs un mystère de savoir comment il est arrivé là.

Nous avons donc contacté une association au Quebec, plus habituée que nous à s’occuper des bélugas. Nous leur avons envoyé des photos et vidéos que nous avons prises depuis plusieurs jours.

Dans quel état est-il ?

Cela fait plusieurs jours qu’il n’a pas mangé et il est sous-alimenté depuis plusieurs semaines, au moins. Les corticoïdes stimulateurs d’appétit que nous lui avons administrés n’ont pas eu d’effet. On est un peu déçus. Nous pensons que cette perte d’appétit est le symptôme d’un mal plus profond dont il est atteint mais dont nous ignorons la nature.

Là où les experts québécois gardent espoir, c’est que le béluga est un animal robuste. Même s’il ne se nourrit plus, il n’est ni amorphe ni moribond. Il bouge la tête, est curieux, interagit avec son environnement. C’est pour cela que l’hypothèse d’une euthanasie est écartée. Il n’est pas à l’article de la mort.

Quelles sont les solutions ?

L’option d’ouvrir l’écluse n’est pas satisfaisante car il est trop loin de la mer au regard de son état. Et le risque est qu’il aille vers Paris plutôt que vers la mer. Ce serait une catastrophe.

L’hypothèse actuelle est plutôt de le sortir de l’eau pour le raccompagner ensuite à la mer par voie fluviale ou routière. Nous lui administrerions des vitamines et des antibiotiques mais c’est une solution très risquée notamment en raison du stress qu’elle génère.

Pourquoi ne pas lui administrer des sédatifs pour le transporter jusqu’à la mer ?

Il est impossible d’endormir un béluga car les dauphins ont une respiration consciente, c’est-à-dire que s’ils dorment, ils meurent.

S’il doit mourir, il est préférable que ce soit dans la mer, son habitat naturel.

Qui prendra la décision ?

Nous sommes en lien permanent avec la sous-préfète. Elle vient régulièrement sur place, on s’entretient avec elle plusieurs fois par jour. Ce matin, nous avons eu une longue réunion. On fera en sorte que ce soit une décision collégiale qui soit prise. À ce stade, toutes les parties ont en vue le bien-être de l’animal, et c’est très bien.

Quand sera prise la décision ?

Il faut agir très rapidement. Une décision sera prise dans les 24-48 heures mais c’est une vraie course contre la montre.

Êtes-vous optimiste ?

Tout dépend du mal dont il est atteint. Si on peut agir et que les médicaments qu’on lui donne sont efficaces, il y a une chance. Si c’est un mal incurable, un cancer par exemple, l’issue sera fatale mais on aura fait le maximum. Ce qui est certain, c’est que nous n’avons pas envie qu’il erre dans la Seine et qu’il finisse par s’échouer sur une berge. S’il doit mourir, il est préférable que ce soit dans la mer, son habitat naturel.

À voir également sur Le HuffPost : Pourquoi le béluga dans la Seine n’est pas extrait

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