Bélarus: le président ordonne à l'armée de défendre l'intégrité territoriale

Le président Alexandre Loukachenko s'adresse à ses partisans lors d'un rassemblement à Minsk, le 16 août 2020 au Bélarus  - Siarhei LESKIEC © 2019 AFP
Le président Alexandre Loukachenko s'adresse à ses partisans lors d'un rassemblement à Minsk, le 16 août 2020 au Bélarus - Siarhei LESKIEC © 2019 AFP

Le président Alexandre Loukachenko a ordonné samedi à l'armée de prendre les "mesures les plus strictes" pour défendre l'intégrité territoriale du Bélarus, secoué par un mouvement de protestation depuis l'élection présidentielle controversée du 9 août.

De son côté, depuis Vilnius, la capitale lituanienne où elle s'est réfugiée après ce scrutin contesté qu'elle affirme avoir remporté, la cheffe de file de l'opposition bélarusse, Svetlana Tikhanovskaïa, a estimé que cette décision du chef de l'Etat était "une tentative de nous détourner des problèmes intérieurs" et a appelé à la poursuite des manifestations contre le régime.

Agé de 65 ans, Alexandre Loukachenko, qui gouverne le Bélarus d'une main de fer depuis 26 ans, est allé samedi inspecter les unités militaires déployées à Grodno, dans l'ouest, près de la frontière polonaise, selon un communiqué diffusé par la présidence bélarusse. Arrivé sur le polygone militaire de cette ville, il a dénoncé le mouvement de protestation impulsé selon lui "de l'extérieur".

Il a affirmé constater d'"importants agissements des forces de l'Otan à proximité immédiate" des frontières bélarusses, sur les territoires polonais et lituanien. Dans ce contexte, Alexandre Loukachenko a annoncé que l'essentiel des forces armées bélarusses avaient été placées en état d'alerte.

Ces déclarations interviennent à un moment où de vastes manoeuvres militaires bélarusses sont prévues dans la région de Grodno, entre les 28 et 31 août.

"Propagande du régime"

Le gouvernement du président Loukachenko "cherche à détourner l'attention des problèmes intérieurs bélarusses à tout prix avec des déclarations tout à fait sans fondement sur des menaces extérieures imaginaires", a dit le président lituanien Gitanas Nauseda.

Krzysztof Szczerski, le chef de cabinet du président polonais, a réagi sur le même registre, qualifiant les déclarations du chef de l'Etat bélarusse de "propagande du régime", qu'il a qualifiée de "déplorable et étonnante". "La Pologne (...) n'a aucun projet de ce genre", a-t-il déclaré à l'agence de presse polonaise PAP.

La figure de proue de l'opposition bélarusse, Svetlana Tikhanovskaïa, a quant à elle estimé qu'Alexandre Loukachenko n'avait plus d'autre choix que d'engager le dialogue avec l'opposition.

"Je suis si fière des Bélarusses maintenant, car, après 26 ans de peur, ils sont prêts à défendre leurs droits". "Je les appelle à continuer, à ne pas s'arrêter, parce que c'est vraiment important maintenant de rester unis dans la lutte pour nos droits", a-t-elle encore déclaré, à la veille d'importantes manifestations programmées pour dimanche au Bélarus.

"Ils doivent comprendre que nous ne sommes pas un mouvement de protestation. Nous sommes le peuple du Bélarus, nous sommes une majorité et nous ne partirons pas. Nous n'avons plus peur d'eux", a martelé cette professeure d'anglais de 37 ans.

Une contestation inédite

Faisant face à un mouvement de contestation inédit dans son pays, une ex-république soviétique, et clamant avoir remporté la présidentielle avec 80% des voix, Alexandre Loukachenko a pour sa part annoncé vendredi qu'il allait "régler le problème" du mouvement de protestation.

Un "conseil de coordination", destiné à promouvoir la transition politique après l'élection, a été formé cette semaine par l'opposition mais les autorités ont entamé jeudi à son encontre des poursuites pour "atteinte à la sécurité nationale".

Le secrétaire d'Etat adjoint américain Stephen Biegun se rendra quant à lui la semaine prochaine en Lituanie et en Russie pour discuter de la situation au Bélarus. Il prévoit rencontrer à cette occasion Svetlana Tikhanovskaïa, selon l'entourage de cette dernière.

Article original publié sur BFMTV.com