"Nous avons réussi à éviter un atterrissage brutal" de l’économie

La Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) vient de publier son dernier rapport sur les perspectives économiques en Europe de l’Est et en Asie centrale. Ces analyses servent d’indicateurs pour l’économie mondiale.

Euronews a interrogé Beata Javorcik, économiste en chef de la BERD.

Euronews :

Votre dernier rapport sur les perspectives économiques régionales s'intitule : "Sur la voie de l'ajustement". À quoi les économies dans lesquelles vous investissez doivent-elles s'adapter ?

Beata Javorcik :

La situation en Europe reste très difficile. Les prix de l'énergie restent très élevés. En particulier, le prix du gaz naturel est cinq fois plus élevé qu'aux États-Unis. La demande d'exportations, en particulier en provenance d'Allemagne, est faible. Compte tenu de la situation difficile de l'économie allemande et, enfin, des coûts d'emprunt toujours élevés, il y a cette prime de risque supplémentaire, ce taux d'intérêt supplémentaire que les pays de la région ont dû payer lorsque la guerre en Ukraine a commencé. Et cette prime de risque continue d'exister.

Euronews :

Les points positifs sont une baisse de l'inflation et une augmentation des salaires réels. Que s'est-il passé exactement ?

Beata Javorcik :

D'un point de vue historique, nous avons assisté à un processus de désinflation très rapide, même si l'ajustement n'est pas encore terminé. L'inflation reste supérieure au niveau antérieur au Covid-19, mais nous avons réussi à éviter un atterrissage brutal. Ainsi, cette lutte contre l'inflation s'est déroulée sans effets désagréables très importants en termes de chômage. Lorsque l'épisode d'inflation a commencé, nous avons assisté à une forte baisse des salaires réels, mais ceux-ci ont ensuite commencé à progresser. Cela a été visible au cours des derniers mois de l'année dernière. Ils ne sont pas encore revenus aux niveaux d'avant la crise de Covid-19, mais ils ont certainement rattrapé leur retard de manière significative.

Euronews:

Quelles sont les pressions inflationnistes actuellement ?

Beata Javorcik :

L'inflation reste élevée dans certains pays, comme la Turquie ou l'Égypte, avec un taux à deux chiffres. Et la dépréciation des monnaies nationales, qui a rendu les importations plus chères, a contribué à aggraver l'inflation.

Euronews :

Comment l’Ukraine fait-elle face à la guerre en cours sur le plan économique ?

Beata Javorcik :

En dépit de la guerre, au début de l'année, au premier trimestre, l'économie ukrainienne a réussi à croître très rapidement. Le corridor de la mer Noire a permis à l'Ukraine d'exporter des céréales ainsi que des métaux et des minerais. Mais les bombardements intensifs et la destruction de l'infrastructure électrique ont eu lieu. Cela a rendu la situation très difficile. Il y a des coupures d'électricité. Il y a des pénuries d'électricité. Le pays importe de l'électricité d'Europe, mais à un coût plus élevé. Et cela pèse sur l'économie.