Les avocats de Peter Cherif dénoncent un « match truqué » au dernier jour de son procès

Sefen Guez Guez, avocat de Peter Cherif, s’adressant à la presse lors du procès de son client devant la cour d’assises spéciale de Paris, le 16 septembre 2024.
BERTRAND GUAY / AFP Sefen Guez Guez, avocat de Peter Cherif, s’adressant à la presse lors du procès de son client devant la cour d’assises spéciale de Paris, le 16 septembre 2024.

JUSTICE - Un combat judiciaire perdu d’avance ? Les avocats de Peter Cherif, qui est jugé jusqu’à ce jeudi 3 octobre devant les assises de Paris notamment pour le rôle qu’il a pu jouer au Yémen auprès de Chérif Kouachi, l’un des assaillants du journal Charlie Hebdo en 2015, ont « le sentiment d’avoir participé à un match truqué ».

Pour l’avocat Nabil El Ouchikli, « la finalité » du ministère public, qui a requis mercredi la réclusion criminelle à perpétuité avec une peine de sûreté de 22 ans contre l’accusé, « c’est d’éliminer Peter Cherif, et pour cela nous sommes obligés de (...) le faire condamner par rapport aux attentats » de janvier 2015.

L’accusé de 42 ans est jugé depuis le 16 septembre devant la cour d’assises spéciale pour association de malfaiteurs terroriste criminelle entre 2011 et 2018, période de sa présence au Yémen au sein d’Al-Qaïda dans la Péninsule arabique (Aqpa).

Il lui est reproché d’avoir rejoint les rangs de cette organisation jihadiste et, dans ce cadre, d’avoir participé à la formation de son ami d’enfance Chérif Kouachi à l’attentat commis le 7 janvier 2015 au journal satirique Charlie Hebdo, dans lequel 12 personnes ont été assassinées. L’attaque a été revendiquée par Aqpa.

« Ça suffit pour construire une vérité judiciaire ? »

Il comparaît aussi pour la séquestration en bande organisée en 2011, pendant plus de cinq mois, de trois ressortissants français, membres de l’ONG Triangle génération humanitaire.

Même s’il a usé la plupart du temps de son droit au silence pendant le procès, Peter Cherif a reconnu avoir été l’un des geôliers des trois humanitaires, ayant servi de « traducteur » pour faire l’interface entre les otages et leurs ravisseurs yéménites d’Al-Qaïda. Il a, en revanche, réfuté avoir joué un rôle dans l’attentat de Charlie Hebdo.

Pour ce dernier volet, Me El Ouchikli a observé que son client n’était pas jugé pour « complicité ». Selon lui, « le ministère public a avoué qu’il n’avait pas les éléments » en ce sens « et a contourné » la difficulté en l’accusant d’« association de malfaiteurs terroriste criminelle », une infraction très élastique et souvent qualifiée de fourre-tout.

Son confrère, Me Sefen Guez Guez, a de son côté fustigé les éléments sur lesquels s’est fondé le ministère public pour démontrer la culpabilité de Peter Cherif, en particulier des notes déclassifiées et des déclarations d’un trafiquant d’armes. « Ça suffit pour construire une vérité judiciaire ? » a-t-il lancé. « Je ne le pense pas ».

Invité, après les plaidoiries de la défense, à s’exprimer pour ces derniers mots à la cour, Peter Cherif a indiqué n’avoir « rien à ajouter ». Le verdict est attendu dans la soirée.

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