Avis de «Grands Turbulents» sur les avant-gardes

Un collectif d’auteurs propose un panorama en images de quelque 50 bandes d’artistes célèbres ou méconnues.

C’est par un biais a priori peu subversif que les auteurs des Grands Turbulents abordent un siècle d’avant-gardes artistiques : les photos de groupe. On dirait une équipe de physiciens en congrès lit-on ici, une équipe de foot, est-il écrit ailleurs, ou encore un quatuor de musique classique ou un «catalogue de crânes». Au total, une cinquantaine d’images (dont quelques peintures), la plupart très sages, ont été sélectionnées avec un principe de base : il fallait qu’au moins un membre de chaque bande soit de face. De fait, le lecteur se sent ainsi sondé, voire interpellé.

Moscou, Paris, Munich, Leningrad (l’ancienne Saint-Pétersbourg), Tokyo, La Havane, Mexico, New York… L’Internationale des «grands turbulents» défile chronologiquement : chaque cliché est accompagné d’un texte rédigé par l’un des 54 auteurs : écrivains, cinéastes, chercheurs, historiens, musiciens, philosophes, étudiants. A la fin, et après tout on peut bien commencer un livre sur un tel sujet par la fin, l’auteur Philippe de Jonckheere dynamite l’ensemble : pour savoir quelque chose des Guerrilla Girls, à l’abri derrière des masques de singe, il n’y a qu’à consulter leur site internet.

Provocation. Sous-titre de ce catalogue qui sent le soufre : «Portraits de groupes 1880-1980.» Alors pourquoi la première image - un montage de peintures - est-elle celle des romantiques allemands d’Iéna, rassemblés à la toute fin du XVIIIe siècle : les frères Schlegel, Novalis, Schelling, Tieck… et deux femmes - notons qu’elles sont peu nombreuses dans le livre -, Caroline Böhmer et Dorothea Veit ? Parce qu’ils sont la première apparition d’une avant-garde, une communauté fermée «où se croisent la vie et la pensée, la poésie et la philosophie, l’art et la politique».

Le romantisme est une rupture avec le classicisme, plus tard d’autres avant-gardes vont le honnir. «Jetz» («maintenant»), «Sezession», crieront des (...) Lire la suite sur Liberation.fr

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