"Un avenir safe": malgré la guerre, les juifs français de plus en plus nombreux à faire le choix de l'Alya
En l'espace d'un an, le nombre de juifs français qui ont décidé de quitter le pays pour aller vivre en Israël a explosé, ont fait savoir les autorités locales.
Une situation paradoxale. Depuis les attaques terroristes du Hamas du 7 octobre 2023, de nombreux juifs de France sont tentés par l'Alya, comprendre l'immigration en Israël avec sa famille afin d'y vivre définitivement, alors même que le pays est toujours en guerre.
Ces derniers jours, à l'aune de les morts de cadres du Hezbollah et du Hamas, la tension est encore montée d'un cran dans la région et la crainte d'une escalade militaire du Proche-Orient se fait de plus en plus forte.
"J'ai envie de leur offrir un avenir safe"
Pourtant, selon les chiffres des autorités israéliennes, de plus en plus de Français font le choix du départ. Comme l'avance le ministère de l’Alya et de l’Intégration, depuis le 7 octobre passé, 7.000 français ont déposé un dossier en vue d’une installation contre 1.120 à la même période l’an passé.
Parmi eux figure Itzik Iaich, un juif français installé dans le pays depuis une semaine avec ses enfants, après plusieurs mois d'hésitations. À BFMTV, il explique les raisons de son choix. "Clairement la libération de la parole de l’antisémitisme, honnêtement, dans toutes les villes, à tout âge, c’est assez incroyable", dit-il.
"J’ai envie de leur offrir un avenir safe, qu’ils puissent aller prier dans une synagogue, qu’ils puissent sortir de l’école avec leurs copains dans la rue sans avoir peur d’être traités de 'sale juif'", ajoute-t-il.
Des demandes en forte hausse
L'installation dans un pays en guerre, fréquemment visé par des roquettes du Hezbollah tirées depuis le Liban, ne se fait pas sans un certain nombre de mises en garde. Depuis son arrivée, Itzik Iaich prend conseil auprès de locaux fourbus aux situations de stress.
En cas d'alerte, "on a une minute et demi pour entrer dans l’abri, dans cette chambre qui est dans la maison", lui dévoile ainsi Dvora Schwartz, responsable régionale pour l'Alya en groupe.
"Il y a énormément de dossiers qui sont ouverts, et même les gens qui ne pensaient pas un jour faire leur Alya. Ils se disent que maintenant, c’est juste une question de temps", détaille-t-elle à BFMTV.
Toujours à notre antenne, Emmanuelle Toledano, directrice du programme ‘Holim ensemble’ au ministère de l’Alya et de l’Intégration, explique, malgré le danger latent d'une immigration en Israël, la raison pour laquelle de plus en plus de juifs de France se confrontent à ce choix.
"C’est contradictoire mais c’est vrai qu’ils se sentent plus en sécurité ici malgré que c’est un pays en guerre, parce que c’est vrai que c’est le pays refuge pour les juifs", dit-elle.
Explosion des actes antisémites
Depuis le 7 octobre 2023, le mal-être de la communauté juive de France se fait de plus en plus présent. Dans un sondage réalisé une semaine après les attaques terroristes du Hamas, 48% des Français interrogés considéraient que la communauté juive est davantage en danger que les autres en France.
Selon le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), les actes antisémites en France ont été multipliés par quatre en un an passant de 436 en 2022 à 1.676 en 2023, avec une "explosion" après le 7 octobre.
Les actes antisémites ont bien flambé en France au premier trimestre 2024, selon des chiffres du gouvernement, qui a fait état de "366 faits antisémites" recensés entre janvier et mars, en hausse de 300% rapport aux trois premiers mois de l'année 2023.
De fait, à plusieurs reprises, les membres de la communauté juive de France ont fait part de leur peur ces derniers mois.