Avant le naufrage dans la Manche, les migrants disparus avaient appelé les secours

Selon des informations du Monde, des appels téléphoniques corroborent le fait que les victimes avaient joint les secours lors du naufrage.

MIGRANTS - Ils ont appelé à l’aide, en vain. La trentaine de migrants qui se trouvaient dans l’embarcation qui a fait naufrage le 24 novembre dernier dans la Manche avait bien appelé les secours, selon des informations du Monde.

Alors que l’enquête judiciaire en cours doit déterminer l’identité des victimes, l’implication de réseaux de passeurs et les circonstances du drame, nos confrères confirment ce jeudi 9 décembre que des appels vers les secours français et anglais ont bien été passés depuis les téléphones des victimes le jour du naufrage. Des informations qui confirment les témoignages des deux survivants dans des entretiens accordés au média kurde Rudaw.

Selon Le Monde, citant une source judiciaire, les déclarations faites par ces deux rescapés ont été confirmées par les premiers éléments de l’enquête et notamment les factures téléphoniques détaillées extraites par les policiers. Le 24 novembre, vingt-sept corps sans vie ont été repêchés, dont ceux de six femmes et d’une fillette. Deux survivants ont pu être récupérés. Une majorité d’entre eux étaient originaires du Kurdistan irakien.

La préfecture maritime conteste les témoignages

Après le témoignage des survivants au média kurde, la préfecture maritime a exclu vendredi 3 décembre qu’un appel de migrants en difficulté dans le détroit du Pas-de-Calais n’ait pas été “traité” par ses services.

“Pour ce drame qui a provoqué 27 morts, le centre opérationnel de surveillance et de sauvetage (Cross) Gris-Nez n’a eu connaissance de la situation que lors de l’appel passé par un pêcheur en milieu de journée”, écrit la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord dans un communiqué à l’AFP.

“Tous les appels reçus par le CROSS” qui pilote les sauvetages dans la zone “sont pris en compte et traités, quel que soit le secteur maritime, les gens sont secourus. Un renvoi de responsabilité entre centres de sauvetage en mer n’est pas réaliste”, a-t-elle insisté. La préfecture souligne “que tous les appels vers les centres de secours sont enregistrés”.

La France et le Royaume-Uni se sont-ils renvoyé la balle?

Dans un entretien avec la chaîne kurde irakienne Rudaw, un des deux rescapés a affirmé qu’alors que le bateau commençait à se dégonfler, des passagers avaient appelé en vain les autorités britanniques et françaises pour obtenir de l’aide. “Nous avons appelé la police française à l’aide et nous lui avons indiqué que le moteur était cassé”, a déclaré cet homme, formellement identifié par la préfecture comme étant l’un des rescapés.

La police française “nous a dit que nous étions dans les eaux britanniques et nous avons appelé la police britannique, qui nous a dit d’appeler la police française. Deux personnes appelaient côté français et britannique. La police britannique ne nous a pas aidés, tandis que la police française a dit ‘Vous êtes en eaux britanniques, nous ne pouvons pas intervenir’”.

“Il n’y a pas de principe ‘territorialité’ en matière de sauvetage en mer”, a répondu le 3 décembre la préfecture maritime. Les centres de secours ont reçu “plusieurs centaines d’appels” le 24 novembre, “ce qui a permis de sauver plus d’une centaine de personnes”, “dont la personne qui a fait ces déclarations”, a-t-elle ajouté.

L’enquête, délocalisée à Paris, est toujours en cours pour faire la lumière sur ce naufrage d’une ampleur inédite et identifier les 27 victimes.

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Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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