Avant Clémentine Autain, ces politiques qui parlent de sexe dans leurs romans

Clémentine Autain, le 21 juin 2022.
JULIEN DE ROSA / AFP Clémentine Autain, le 21 juin 2022.

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Clémentine Autain, le 21 juin 2022.

POLITIQUE - « On ne lui enlèvera pas de l’idée que c’est une pratique un peu barbare, cette histoire d’épilation. Ce qui la tient, c’est l’intuition qu’Antoine aime les femmes aux pubis bien rangés ». Ces mots n’ont pas été piochés dans le dernier épisode d’une série d’été d’un magazine féminin, mais dans le premier roman de Clémentine Autain, députée insoumise, qui publie cet été, Assemblées, aux éditions Grasset. Une histoire de femmes, sur fond de violences sexuelles et de lutte politique, qui dévoile des passages au style érotique. « Juste avant sa conclusion, Jeanne se rémémore Antoine nu sur une chaise dans son studio, dissertant sur son sexe, visiblement l’une de ses fiertés, » peut-on notamment lire.

Quand politique rime avec littérature érotique

Avant elle, ils sont nombreux - hommes comme femmes politiques - à avoir coché la case érotisme dans leurs romans. Plume prolifique avec 28 livres publiés au total, Marlène Schiappa en fait partie. La secrétaire d’État a longtemps été soupçonnée d’avoir été derrière le pseudonyme de Marie Minelli, autrice de romans aux titres suggestifs comme Sexe, mensonges et banlieues chaudes ou encore Les filles bien n’avalent pas.

Un soupçon que Marlène Schiappa a en partie confirmé sur Europe 1, le 4 octobre 2021, indiquant avoir écrit ou coécrit certains des neuf romans publiés sous le nom de Marie Minelli. Des écrits qui ont suscité des réactions plus ou moins amènes dans le monde politique, à en croire l’élue. « On en parle dans mon dos (...) Il y a une forme de sexisme, parce que j’ai un collègue au gouvernement dont il est de notoriété publique qu’il a écrit un roman Harlequin, s’indigne-t-elle. Je ne nommerai pas ce collègue, mais en tout cas lui, on ne le vanne jamais avec ça et on ne lui en parle pas. »

Ce collègue, c’est Bruno le Maire. Selon un article du Point en 2014, l’actuel ministre de l’Économie et des Finances aurait écrit dans sa jeunesse - encore une fois sous pseudonyme - certains récits pour la sulfureuse collection Harlequin. Mais ce n’est visiblement pas l’absence d’anonymat qui freine le ministre, qui a signé de son nom Le Ministre, publié en 2004 chez Grasset.

« La main de Pauline qui me caressait doucement le sexe », Bruno Le Maire

Il y raconte les coulisses des missions de Dominique de Villepin, alors ministre des Affaires étrangères. Au beau milieu du récit, l’auteur dévoile une partie de sa propre intimité, évoquant brièvement un séjour à Venise avec son épouse : « Je me laissais envahir par la chaleur du bain, la lumière de la lagune qui venait flotter sur les glaces de la porte, le savon de thé vert, et la main de Pauline qui me caressait doucement le sexe », peut-on lire. « C’était écrit de manière tellement naïve... Ca me paraissait touchant », confiera quelques années plus tard Bruno Le Maire au Figaro.

En 2012, c’est Aurélie Filippetti, fraîchement nommée ministre de la culture sous François Hollande, qui voit son passé de romancière resurgir. Parcourant sa bibliographie, le magazine Technikart publie un extrait « olé olé » de son roman, Un homme dans la poche, publié en 2006 aux éditions Stock, décrivant sans détour une scène de cunnilingus : « Ta tête entre mes cuisses et ta langue glissant en moi, lapant ma vulve (…) tu me léchais et je fondais longuement dans ta bouche (…) j’écartais davantage encore mes jambes pour que tu puisses (…) m’embrasser aussi profondément que si mon sexe avait été ma bouche pour te répondre ». Un passage est même lu à l’époque à voix haute par le chroniqueur littéraire Augustin Trapenard sur le plateau du Grand journal, en présence de la ministre, pour le moins gênée.

Y compris au plus haut sommet de l’État, la tentation est grande. En 1994, l’ancien président de la république Valéry Giscard d’Estaing publie Le Passage (Robert Laffont), un roman d’amour entre un notaire et une auto-stoppeuse qui frôle, là-encore, parfois l’érotisme. Mais c’est en 2009 qu’il met les deux pieds dans le plat avec La princesse et le président (Éditions de Fallois) en 2009, un roman libertin dans lequel de nombreux observateurs y voient le récit d’une aventure avec la princesse Lady Di.

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