Avant Blanquer à Ibiza, ces autres ministres qui ont suscité la polémique avec leurs vacances

Jean-Michel Blanquer le 16 octobre 2021 - Alain JOCARD / AFP
Jean-Michel Blanquer le 16 octobre 2021 - Alain JOCARD / AFP

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La controverse des vacances à Ibiza de Jean-Michel Blanquer alors qu'il planchait sur le nouveau protocole sanitaire dans les écoles a beau faire mauvais effet, elle n'est pas la première du genre. Plusieurs ministres se sont déjà retrouvés dans l'œil du cyclone pour leurs séjours à l'étranger.

• Élisabeth Borne à Marrakech, en pleine grève de la SNCF

Fin 2019, en pleine grève de la SNCF contre la réforme des retraites, au moment où le gouvernement sort la tête de l'eau après la crise des "gilets jaunes", Le Parisien révèle qu'Élisabeth Borne, alors ministre de la Transition écologique, passe ses vacances à Marrakech (Maroc). Si ces congés sont remarqués, c'est qu'elle est chargée des discussions avec les syndicats ferroviaires et qu'Emmanuel Macron a appelé ses ministres à se mobiliser sur le terrain pendant les fêtes.

Face à la polémique, d'autant plus forte que des milliers de Français peinent à rejoindre leur famille pour Noël par le train, son cabinet tente d'éteindre le feu.

"L'important est qu’elle est totalement joignable et mobilisable, en lien permanent avec son cabinet et ses secrétaires d'État, et qu’elle peut être de retour à Paris en quelques heures", assure ainsi son entourage.

L'affaire ne laissera pas de trace. Élisabeth Borne est même nommée quelques mois plus tard ministre du Travail.

• Aurélie Filippetti à l'île Maurice, sous le quinquennat Hollande

En janvier 2013, en plein marasme politique, coincé entre les "frondeurs" et les annonces autour du Pacte de compétitivité qui peinent à convaincre, François Hollande est embarrassé par Aurélie Filippetti. Le Lab d'Europe 1 rapporte que la ministre de la Culture a passé les fêtes de Noël à l'île Maurice. Tout un symbole alors que le président a poussé ses ministres à continuer d'être au travail pendant leurs vacances de fin d'année, "attendant de chacun présence et vigilance", comme le rapporte France inter.

"Ce voyage m'a été offert par mon compagnon. Dès que j'ai connu la teneur de ce cadeau, j'en ai averti le président de la République, qui m'a autorisée à partir", se défend alors Aurélie Filippetti. L'Élysée soutient la ministre et assure l'avoir "'autorisée à partir si loin à titre exceptionnel, pour des raisons privées".

• Michèle Alliot-Marie en Tunisie en pleine révolution

Début janvier 2011, en pleine révolution tunisienne, la ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie propose devant l'Assemblée nationale d'envoyer "le savoir-faire de nos forces de sécurité" pour "régler des situations sécuritaires de ce type". Sa phrase choque l'opposition alors que trois jours plus tard, le président tunisien Ben Ali est contraint de fuir le pays.

Un mois plus tard, le Canard Enchaîné révèle que la politique a passé ses vacances de Noël en Tunisie avec ses parents et son compagnon Patrick Ollier, alors ministre délégué aux relations avec le Parlement. Elle a profité avec ses proches de l'avion d'Aziz Miled, riche homme d'affaires tunisien associé à la famille Ben Ali.

"Je ne peux concevoir que l'on puisse s'attaquer à la famille des politiques, et dans le cas présent à mes parents. Quand on a fini de passer ma vie, y compris privée, au peigne fin, c'est sur celle de mes parents qu'on enquête", se justifie alors la ministre, sans convaincre.

Le 27 février, Michèle Alliot-Marie est contrainte de présenter sa démission. François Fillon, alors Premier ministre explique sa départ du gouvernement, jugeant que sa voix était devenue "inaudible".

• Jean-François Mattei dans le Var en pleine canicule

En plein mois d'août 2003, alors que la France compte ses morts tués par la canicule - 15.000 environ -, le ministre de la Santé, jusque-là silencieux, prend la parole depuis sa maison de vacances dans le Var. En polo et dans son jardin, Jean-François Mattei répond aux questions de TF1 alors que les températures sont très au-dessus des normales saisonnières depuis plus d'une dizaine de jours.

Accusé d'avoir sous-estimé cette vague de chaleur meurtrière, il répond alors: "Pour sous-estimer, il faut être averti. Or, cette canicule n'était pas prévisible." Ses propos sont jugés désastreux alors que les funérariums sont débordés et que des entrepôts réfrigérés sont réquisitionnés et transformés en chambre mortuaire.

Jean-François Mattei ne sera pas reconduit dans ses fonctions après la défaite des régionales en mars 2004.

• Dominique Voynet à la Réunion en pleine marée noire de l'Erika

Alors que des nappes de pétrole arrivent sur les côtes bretonnes le 23 décembre 1999 après le naufrage de l'Erika, un navire pétrolier sous pavillon maltais, Dominique Voynet, la ministre de l'Environnement, décide de ne pas faire le déplacement. L'écologiste est alors en vacances à la Réunion et assume son absence. "Ma présence sur place avec un ciré et des bottes ne servirait à rien", explique-t-elle alors à France soir.

Sous la pression, Dominique Voynet se rend finalement à Nantes ainsi que sur le littoral vendéen le 26 décembre. "Ma présence physique ne s'imposait pas alors que la marée noire était photographiée et mesurée en mer", maintient encore la ministre, tout en assurant sur France 2 ne pas "être certaine que ce soit la catastrophe écologique du siècle".

Face au tollé que provoque sa phrase et l'émotion provoquée par les dégâts causés par la marée noire - 400 kilomètres de côtes souillées, des dizaines de milliers d'oiseaux morts -, une grande partie du gouvernement fait le déplacement en Bretagne, à commencer par Lionel Jospin, sans sa ministre.

Article original publié sur BFMTV.com