Avalanche au mont Blanc: le risque de chutes de pierres augmente avec le réchauffement climatique
"La montagne n'est pas sans risque", rappelait la préfecture de Haute-Savoie, le 10 juillet dernier. En témoigne l'effondrement de sérac survenu au mont Blanc du Tacul qui a tué au moins un alpiniste et blessé quatre autres personnes dans la nuit de ce dimanche au lundi 5 août.
Depuis plusieurs années déjà, certains guides locaux recommandent d'éviter de faire l'ascension du mont Blanc après la mi-juillet. Depuis 2017, la compagnie des guides de Chamonix a baissé le nombre d'ascensions en été, passant de 550 clients entre mai et juillet à 350. Elle est allée plus loin en 2023 en décidant de ne plus permettre la réservation à l'avance de cette ascension entre le 15 juillet et le 15 août pour tenir compte des conditions climatiques, raconte Radio Mont Blanc. La préfecture du département a elle aussi déjà fortement déconseillé cette ascension à l'été 2022.
Et pour cause, avec le réchauffement climatique, le risque de chute de sérac, des gros blocs de glace, et de pierres augmente avec la hausse des températures. "Depuis le début de l’ère industrielle autour de 1850, la température annuelle moyenne à Chamonix a augmenté de 2 degrés entrainant une fonte spectaculaire des glaciers, une baisse de l'enneigement, une augmentation des chutes de pierre et une dégradation de l'habitat de la faune et de la flore" rappelle la Compagnie des guides de Chamonix.
Des chutes "difficilement prévisibles"
En conséquence, la voie classique d'ascension du mont Blanc, celle de l'arête du Goûter présente un "risque maximal", selon l'organisme. C'est pourquoi certains guides privilégient désormais la voie des 3 Monts, un chemin un peu plus difficile qui passe par le mont Blanc du Tacul et le mont Maudit avant l'arrivée au mont Blanc. Mais celle-ci n'est pas non plus sans risque, puisque les alpinistes emportés cette nuit passaient justement par cette voie.
"Les conditions générales de la montagne ont évolué" avec le réchauffement climatique, explique Éric Mesnier, ancien secouriste du Peloton de gendarmerie de Haute montagne sur BFMTV.
Les chutes de sérac, qui représentent "le plus gros danger", sont "difficilement prévisibles", selon lui. "C'est pas forcément en pleine journée avec du soleil, ça peut être la nuit malheureusement avec une croute de regel qui arrive, un moment météorologique favorable ou défavorable pour gérer ce déséquilibre", explique-t-il.
Malgré tout, pour Éric Mesnier, "on peut continuer d'aller en montagne, mais avec un peu plus de précautions, des périodes peut-être un peu plus bloquées ou des itinéraires retravaillés".
En 2023, 14 personnes pratiquant l'alpinisme sont mortes en 2023 en Haute-Savoie, huit autres sont portées disparues et 150 ont été blessées, selon le bilan établi par la préfecture.