Ava DuVernay, première Afro-Américaine en lice pour le Lion d'or à Venise
La réalisatrice américaine Ava DuVernay a présenté mercredi à Venise "Origin", un film remontant aux sources du racisme qui est aussi le premier d'une Afro-Américaine en compétition au plus ancien festival de cinéma du monde.
"Cette année, il s'est passé quelque chose qui ne s'était pas produit en huit décennies: une femme afro-américaine en compétition", a tenu à souligner la réalisatrice lors d'une conférence de presse à la Mostra, qui fête cette année sa 80ème édition.
"C'est une porte qui s'ouvre et j'espère, et je suis sûre, que le festival la gardera ouverte", a ajouté celle qui s'était déjà illustrée en 2012 en devenant la première Afro-Américaine à recevoir le prix de la meilleure réalisation au Festival du film de Sundance pour "Middle of Nowhere".
En 2015, elle a aussi été la première réalisatrice afro-américaine nommée pour le Golden Globe du meilleur réalisateur pour "Selma", un film sur le mouvement de lutte pour les droits civiques aux Etats-Unis et en particulier le rôle de Martin Luther King.
"Origin" s'appuie sur le livre de la journaliste américaine Isabel Wilkerson, "Caste", qui se penche sur les origines du racisme en explorant aussi bien la ségrégation raciale aux Etats-Unis que la politique antisémite du régime nazi et le système des castes en Inde.
"J'ai été fascinée par les idées développées par Isabel Wilkerson dans son livre", a expliqué la cinéaste, qui a choisi de "raconter son récit à travers un format qui est pour moitié une adaptation (du livre) et pour l'autre moitié une adaptation de la vie" de la journaliste.
"Sa vie n'est pas dans le livre. Tout ce que l'on voit sur elle dans le film, c'est elle qui me l'a raconté", a-t-elle précisé. Le film raconte donc l'enquête de la journaliste, interprétée par Aunjanue Ellis-Taylor ("La Méthode Williams"), qui la mène de Berlin à New Delhi.
Après les tragédies de l'esclavage, de la ségrégation et de l'Holocauste, "la question est: comment allons-nous créer un nouvel avenir?". "Cela commence avec chaque individu. (...) Tout un chacun peut devenir cet individu qui va à contre-courant dans une situation", espère la cinéaste de 51 ans.
"C'est ce qui vraiment me motive dans mon travail", dit-elle. "Quand on est un artiste, on a la responsabilité de créer un monde qui n'existe pas".
En 2016, Ava DuVernay avait réalisé un documentaire sur l'incarcération de masse des Noirs aux Etats-Unis, "Le 13e", où elle explorait déjà les liens entre les discriminations raciales et la justice.
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