Aux Etats-Unis, la marche contre les armes, enjeu électoral

par Katanga Johnson

WASHINGTON (Reuters) - Des centaines de milliers de personnes, surtout des jeunes, défileront dans plusieurs villes des Etats-Unis et à Washington samedi pour réclamer un contrôle plus strict sur la vente et la possession d'armes à feu après une série de tueries de masse en milieu scolaire.

La "Marche pour nos vies" (March For Our Lives) trouve son point de départ dans la mort de 17 personnes, élèves et personnel scolaire, abattues le 14 février au lycée Marjory Stoneman Douglas de Parkland en Floride.

Le tueur, un ancien élève de l'établissement renvoyé pour son comportement violent, avait réussi à se procurer très facilement l'arme automatique dont il s'est servi.

Cette tuerie de masse est à ce jour la deuxième plus meurtrière en milieu scolaire après l'attaque de l'école élémentaire de Sandy Hook à Newton (Connecticut) qui avait coûté la vie à 20 enfants et six adultes en décembre 2012.

Alors que Donald Trump demeure un farouche partisan du droit de port d'arme, la question qui se pose à son administration et à l'opposition démocrate concerne l'influence électorale que peut avoir ce mouvement.

En clair, cette contestation peut-elle se traduire dans les urnes lors des élections de mi-mandat au mois de novembre ?

"Cela dépend de nous", estime Sabrina Singh, porte-parole du Comité national démocrate. "Nous devons nous assurer que les jeunes gens qui vont défiler dans tout le pays prennent le temps de voter, de s'inscrire sur les listes électorales et qu'ils se rendent aux bureaux de vote".

Tappan Vickery, volontaire pour l'association HeadCount d'aide à l'inscription sur les listes électorales, rappelle que "quatre millions d'Américains deviendront majeurs cette année".

BESOIN D'AGIR

Près de 5.000 volontaires ont été mobilisés pour inscrire ceux qui n'ont jamais voté dans une trentaine de villes où auront lieu des manifestations, samedi.

"Si vous y ajoutez le grand nombre de 19-21 ans qui ne se sont jamais inscrits pour voter, on arrive à un nombre énorme au niveau national", précise Aaron Ghitelman, porte-parole de HeadCount.

D'autres associations ont prévu de mener des initiatives similaires afin d'améliorer le faible taux de participation des jeunes aux élections.

"La tendance chez les jeunes et les primo-votants aux élections de mi-mandat n'a jamais été bonne", explique Kei Kawashima-Ginsberg, directrice du Centre pour l'information et la recherche sur l'apprentissage et l'engagement civique à la Tufts University.

"La participation n'a cessé de décroître depuis 2014 et je m'attends à ce que cela continue", dit-elle, soulignant l'importance de conserver "un optimisme prudent sur le vote des jeunes".

"Ils ressentent le besoin d'agir et pour cette raison, la marche de samedi devient l'occasion d'influencer leurs parents ou leurs proches par leur engagement, qu'ils aillent ou non voter eux-mêmes", explique-t-elle.

Un sondage Reuters/Ipsos publié lundi montre que 64% des 18-29 ans pourraient voter lors des élections du 6 novembre contre 27% qui ne se déplaceront pas et 9% incertains ou refusant de se prononcer.

La question de la sécurité dans les écoles occupe une large place dans le débat public américain depuis la tuerie de Parkland. Une majorité d'Américains souhaitent à la fois un renforcement du contrôle des armes à feu et la présence de vigiles armés dans les écoles.

(Pierre Sérisier pour le service français, édité par Gilles Trequesser)