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Autriche: le milliardaire eurosceptique austro-canadien Frank Stronach brouille les cartes

Un novice en politique, le milliardaire eurosceptique austro-canadien Frank Stronach, brouille les cartes: avec autour de 10% des suffrages aux élections régionales dimanche en Basse-Autriche (9,7%) et en Carinthie (11,3%), il pêche des voix dans tous les partis, mais surtout à l'extrême droite qui voit ainsi ses ambitions nationales battues en brèche. Le fondateur de l'équipementier automobile Magna, dont le siège est au Canada, a pris sa retraite des affaires pour se lancer, à 80 ans sonnés, dans l'arène politique. Et pour sa première confrontation avec des électeurs, son parti, Team Stronach (L'Equipe Stronach), s'en est plutôt bien tiré, entrant au gouvernement régional tant en Basse-Autriche qu'en Carinthie. Et, surtout, il a donné à réfléchir au fringant dirigeant de l'extrême droite, Heinz-Christian Strache, et à son parti (FPÖ), car c'est essentiellement là qu'il a pêché des voix. Pour les ambitions nationales de Heinz-Christian Strache, qui a clairement affiché son objectif de devenir le premier parti autrichien aux élections législatives prévues le 29 septembre, il s'agit d'un sérieux avertissement, pour le moment encore sans frais. Sans programme défini, d'une manière générale pour une diminution de la bureaucratie et une réduction des impôts, Frank Stronach proclame surtout un euroscepticisme avéré: "Je suis pour une Europe forte, mais pas pour une même monnaie", aime-t-il proclamer, avec un accent canadien à couper au couteau. "La dette, ce n'est pas bon. N'importe quel paysan sait que s'il dépense plus d'argent qu'il n'en gagne, il perdra alors sa ferme". Frank Stronach a créé son parti le 27 septembre 2012, retournant ainsi vivre en Autriche après avoir passé plus de 60 ans au Canada. Ce jour-là, avec emphase, il a proclamé: "Le 27 septembre, j'en suis certain, est une date importante pour l'histoire de l'Autriche et peut-être également pour l'histoire du monde". De même, il s'en prend régulièrement aux "Grands" de ce monde, affirmant par exemple à propos de la chancelière conservatrice allemande Angela Merkel: "Ou bien elle est stupide ou bien elle est dans la même équipe que les banques". Il dispose déjà d'un petit groupe parlementaire à l'Assemblée nationale autrichienne, n'ayant pas eu de mal à débaucher cinq députés du parti d'extrême droite BZÖ, l'ancienne formation du charismatique Jörg Haider, décédé en 2008. Fils de paysans né en 1932 à Weiz, dans le sud de l'Autriche, Frank Stronach a quitté l'école à 14 ans et est arrivé au Canada en 1954, avec en poche une formation d'apprenti et 200 dollars, ainsi que dans la tête "le rêve américain" d'un pays où tout le monde peut réussir. Après avoir occupé divers petits boulots, il crée en 1957 son entreprise, qui deviendra le géant mondial Magna, fournisseur d'équipements automobiles pour BMW, Toyota, Hyundai ou encore PSA Peugeot Citroën. Il en cède les rênes en 2011, mais ne semble pas vouloir se consacrer à une paisible vie de retraité, ni à sa passion pour les courses hippiques.