Autour du lac Tchad, Boko Haram a mis en place «une prédation agricole totale»

Le groupe terroriste nigérian, qui a prêté allégeance à l’EI, taxe toutes les étapes de la «route du poisson» pour financer ses activités.

C’est dans la zone asséchée du Lac Tchad, au pli des frontières du Nigeria, du Niger, du Tchad et du Cameroun, que la secte Boko Haram, récemment affiliée à l’Etat islamique, se serait repliée. Elle est pourtant toujours active : jeudi, deux jeunes filles, dont l’une d’une dizaine d’années, se sont fait exploser à Kano, au Nigeria, tuant 15 personnes. «Cette zone du lac peu contrôlée a toujours posé des problèmes de sécurité à tous les pays voisins», expliquait la semaine dernière le colonel nigérien Mahamadou Abou Tarka. Président de la Haute Autorité à la consolidation de la paix à Niamey, il s’exprimait lors d’un atelier sur «la lutte contre les financements illicites et les réseaux transnationaux», au Forum de Dakar sur la paix et la sécurité.

Pour la première fois, des informations ont filtré sur le financement de Boko Haram. Nous sommes loin des extractions de pétrole et des sociétés-écrans de l’Etat islamique, mais «dans une prédation agricole totale», selon l’officier. Les autorités du Niger ont découvert «récemment» pourquoi les combattants islamistes se sont réfugiés sur ces zones : «Ils ont investi la route du poisson. Ils contrôlent la pêche et sa transformation. Et prélèvent des taxes sur ce marché du poisson séché, produit de base de l’alimentation locale.»Les terroristes convoient aussi l’or rouge : le poivron. Les champs courent des deux côtés de la frontière entre Niger et Nigeria. Cette autre «route» est aussi contrôlée par Boko Haram. Difficile toutefois de mesurer le montant de l’impôt prélevé sur ces produits agricoles. Selon le colonel Tarka, la secte aurait besoin «environ de 2 millions de dollars de recettes mensuelles». «Les biens de consommations sont aussi taxés», assure-t-il. Mais la ressource du lac assurerait «une large part du financement de Boko Haram».

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