Automédication par les plantes : qu'est-ce que les gorilles ont à nous apprendre ?
Une récente étude a permis d’établir les propriétés antimicrobiennes et antioxydantes de quatre plantes consommées par les gorilles sauvages des plaines de l’ouest du Gabon dans le cadre de comportements d’automédication. Ces plantes pourraient représenter une piste sérieuse de nouveaux traitements à explorer dans le cadre de la lutte contre la résistance aux antimicrobiens.
La résistance aux antimicrobiens (antibiotiques, antiviraux, antifongiques, antiparasitaires) est un problème de santé publique mondial que l’OMS classe parmi les 10 plus grandes menaces pour la santé auxquelles nous devons faire face.
Pourtant, le développement de nouveaux antimicrobiens n’a pas enregistré de progrès significatifs depuis des années. Selon le Dr Leresche Even Doneilly Oyaba Yinda, du Centre interdisciplinaire de recherche médicale de Franceville au Gabon, la zoopharmacognosie (ou l’étude des comportements d’automédication chez les animaux) représente une approche alternative prometteuse pour trouver de nouveaux traitements antimicrobiens (y compris contre l’antibiorésistance).
Et pour cause, ses collègues et lui ont publié le 11 septembre 2024 dans la revue Pnas les résultats prometteurs d’une étude qu’ils ont menée en trois étapes : d’abord en observant les gorilles sauvages du parc national de Moukalaba-Doudou au Gabon, puis en enquêtant auprès de la population locale, et enfin en analysant une sélection de plantes en laboratoire.
Des gorilles adeptes de phytothérapie
Les gorilles observés étant essentiellement frugivores, leur consommation régulière des écorces de certaines plantes a attiré l’attention des chercheurs. Par ailleurs, ces derniers ont remarqué que ces gorilles ne présentaient pas de symptômes infectieux alors qu’ils hébergent des entérobactéries potentiellement pathogènes, multirésistantes aux antimicrobiens connus, telles que les Escherichia coli multirésistantes (aussi nommés "E. coli MDR" pour "Multi Drug Resistant").
Les chercheurs ont alors émis l’hypothèse qu’il s’agirait d’un comportement d’automédication et que les plantes sélectionnées par les gorilles auraient des propriétés antimicrobiennes.
L’automédication chez les animaux, et en particulier les grands singes, est bien connue et observée depuis quelques années, notamment chez les orangs-outans, les gibbons à mains blanches et les chimpanzés.