Authentiques notes antiques

Au Louvre-Lens, une exposition met en scène les traces sonores et les spéculations sur les musiques des civilisations anciennes.

Ainsi il y a plus de mille ans en Egypte, de petites mains se sont posées sur cette harpe en bois d’acacia pour la faire résonner, et une bouche a fait chanter cette clarinette en roseau. Les instruments sont là, dans la vitrine, capables de produire ces mêmes sons quelques millénaires plus tard, et les avoir sous les yeux provoque un sentiment vertigineux. Passé le vertige, qu’en retirer ? Comme le dit fort bien le cartel à l’entrée de l’expo Musiques ! Echos de l’Antiquité au Louvre-Lens, on ne dispose que d’éléments très lacunaires sur les musiques de l’Antiquité (circonscrite ici de 2900 avant J.-C. à l’an 395), et sur leurs usages - peu de «partitions», peu d’instruments en bon état. Le travail de recomposition du paysage sonore grec, romain, égyptien ou mésopotamien repose sur un faisceau d’indices, scènes sculptées sur sarcophages ou peintes sur coupes, tablettes emplies de minuscules écritures à déchiffrer.

Vu ces obstacles, ce que sont parvenus à réunir les huit commissaires (!) travaillant sur le sujet depuis cinq ans est incroyablement vivant. Au gré d’un parcours didactique émaillé d’enregistrements, et riche de 400 œuvres des collections du Louvre, du Metropolitan Museum à New York ou encore du British Museum à Londres, l’expo parvient à faire exister une pratique quotidienne, omniprésente, qui s’exerçait aussi bien sur les champs de bataille que dans les chambres mortuaires. A la musique étaient assignés, selon les régions, des rôles bien précis, social, politique ou religieux - séduire, asseoir le pouvoir des pharaons, intercéder auprès des dieux. Et tout cela est mis en scène en une quinzaine d’étapes thématiques matéralisées par des «bulles» tendues de tissus, tentative plutôt convaincante de casser l’effet défilé de bibelots antiques. Car il y a ici des splendeurs, et il ne faut pas inutilement fatiguer l’œil, ni l’oreille (...)

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