Autant en emporte le fric : les déboires littéraires de ces personnages qui ont changé d’auteur

Oooooh ma'ame Scawlett, quelle belle robe ! Tout le monde aura reconnu la vénéneuse O'Hara aux yeux verts et sa robe d'après- midi dans «Autant en emporte le vent». On aurait pu penser qu'elle fut restée unique et culte mais...

De Lisbeth Salander à Scarlett O'Hara, de Cosette à Sherlock Holmes, l'histoire de la littérature est jonchée de suites, plus ou moins heureuses... Et plus ou moins désirées par les écrivains eux-mêmes.

Norstedts, l’éditeur suédois de Stieg Larsson, a recruté David Lagercrantz pour écrire la suite de son œuvre inachevée. L’écrivain a donc reçu la bénédiction des gestionnaires de l’œuvre de Larsson, son frère et son père, en même temps qu’il a conclu un accord financier avec la maison d’édition. De ces suites qui ont inventé pour des personnages célèbres de nouveaux destins, de ces intrigues continuées sans leur créateur, que dit le droit ?

Il autorise que l’on s’inspire d’une histoire, tant qu’aucune reprise littérale n’est constatée. C’est ce que suggère en tout cas la jurisprudence française, puisque la cour d’appel de Versailles a donné raison le 15 décembre 1993 à Régine Deforges. Dans La bicyclette bleue, celle-ci s’inspirait largement d’Autant en emporte le vent mais n'en reprenait ni les scènes, ni les dialogues, ni les situations. Si la société Walt Disney n’a pas été traînée devant la justice alors qu’elle a allègrement repris à Perrault sa Belle au bois dormant, à Andersen sa Petite sirène, aux frères Grimm leur Blanche-Neige, et à Victor Hugo son Bossu de Notre-Dame, c’est parce qu’elle fait la réécriture d’histoires faisant partie du domaine public.

Un auteur qui reprend «de manière principale» les éléments d’une œuvre non libre de droit doit être plus prudent, et obtenir l’accord du premier auteur ou de ses ayants droit. Au titre du droit patrimonial, l’auteur originel ou son gestionnaire peut exiger une rémunération (et ce, pendant 70 ans après la mort de l’auteur). Au titre du droit moral (qui dure indéfiniment), une action en justice peut être engagée s’il est montré que la reprise de l’œuvre porte atteinte à l’originale. Ainsi en 1990 une reprise des personnages de Tintin qui en modifiait «l’image traditionnelle» a été considérée par la (...)

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