Australie: Après les banques, les fonds de pension mis en cause

par Paulina Duran et Byron Kaye

SYDNEY (Reuters) - Un cabinet d'avocats australien a annoncé mardi qu'il porterait plainte contre la première banque et le premier gestionnaire de fortune du pays pour fraude présumée aux dépens de plusieurs millions de retraités.

Une commission mise en place par le gouvernement a ouvert en février une enquête officielle sur le secteur financier après une série de scandales qui ont éclaboussé les grandes banques du pays.

Les premières conclusions de cette enquête de la Commission royale ont été rendues le mois dernier et mettent en cause les fonds de pension gérés par National Australia Bank et Commonwealth Bank of Australia (CBA), accusées entre autres de facturations abusives et de démarchage téléphonique illégal.

Certaines banques ont agi de manière contraire à l'éthique, bafouant les autorités et la loi, a estimé la commission, qui met également en cause l'Australian Prudential Regulation Authority ainsi que l'Australian Securities and Investments Commission (Asic), deux des autorités de régulation du pays.

Cette plongée au coeur des pratiques douteuses du secteur financier australien a eu pour effet de réduire en Bourse d'une quarantaine de milliards de dollars australiens (25 milliards d'euros) la capitalisation cumulée des grands établissements financiers australiens.

Les plaintes annoncées par Slater & Gordon toucheront en premier lieu le pôle de fonds de pension de Commonwealth Bank et le gestionnaire de fortune AMP, pour avoir servi à la clientèle des rendements négatifs ou "ridiculement faibles" sans la moindre justification.

Slater & Gordon estime que Colonial First State, filiale de CBA, et AMP ont perdu 500 millions de dollars australiens sur l'argent que leur avaient confié les retraités et le cabinet compte étendre son action en justice à d'autres fonds de pension. Le nombre des plaignants pourrait ainsi représenter le tiers des 12 millions d'Australiens en âge de travailler.

AMP a dit n'avoir reçu pour l'instant aucune plainte et s'employer à résoudre les problèmes mis en lumière par l'enquête, tandis que CBA a dit avoir connaissance des intentions de Slater & Gordon, ajoutant qu'elle informerait les marchés de l'évolution de la situation.

L'enquête s'étend à présent au secteur de l'assurance.

Un pasteur baptiste a ainsi raconté à la commission d'enquête de quelle manière son fils, atteint de trisomie 21, avait acheté une police d'assurance sans comprendre à quoi il s'engageait à la suite d'un appel téléphonique de Freedom Insurance Group (FIG).

(Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Marc Angrand)