Aurore Bergé accusée de collusion avec le lobby des crèches privées répond aux critiques
La ministre démissionnaire chargée de l'Égalité entre les hommes et les femmes entretiendrait des liens avec la patronne du lobby des crèches privées, d'après le livre "Les Ogres" du journaliste Victor Castanet. Aurore Bergé assure de son côté avoir "renforcé la culture du contrôle" dans le secteur mis en cause pour des cas de maltraitance.
Des accusations lourdes portées contre Aurore Bergé. La ministre déléguée et démissionnaire aux Familles est mise en cause dans Les Ogres, un livre-enquête qui dénonce les dérives des crèches privées en France à paraître ce mercredi 18 septembre. La ministre entretiendrait des liens très étroits avec Elsa Hervy, déléguée de la fédération française des entreprises de crèches.
La dirigeante est "complice" de "la financiarisation sauvage" des crèches, juge le député insoumis Bastien Lauchaud sur X. Son collègue William Martinet dénonce "l'existence d’un pacte secret entre le lobby des crèches privées et Aurore Bergé".
"La ministre a fait son travail", se défend son cabinet auprès de BFMTV.
Une commission d'enquête lancée contre l'avis des macronistes
Dans cet ouvrage signé du journaliste indépendant Victor Castanet qui avait déjà dénoncé les dérives des maisons de retraite dans Les Fossoyeurs, les pratiques des crèches privées sont montrées du doigt, entre "voracité" financière, cas de maltraitance ou encore burn-out des personnels.
Aurore Bergé serait-elle intervenue pour étouffer la médiatisation de ces dysfonctionnements? En novembre 2023, après plusieurs scandales dans des crèches privées, la sortie de deux livres qui dénoncent des "usines" à bébés et un rapport alarmant de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas), les députés La France insoumise demandent la création d'une commission d'enquête.
À l'époque, la droite s'y oppose tout comme une large partie du camp présidentiel. À ce moment-là, c'est sa collègue Bérangère Couillard qui planche sur le dossier au gouvernement.
Bergé assure "avoir changé la loi" pour mieux contrôler les crèches
La commission d'enquête a cependant bien lieu mais ses travaux se déroulent dans une ambiance délétère. Le projet de rapport de la Commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur les crèches publié en mai dernier, près de 4 mois après l'arrivée d'Aurore Bergé au gouvernement, fait le constat d'un système "à bout de souffle", selon sa rapporteuse macroniste Sarah Tanzilli. Mais La France insoumise l'accuse de ménager le secteur privé lucratif.
Faut-il y voir l'ombre d'Aurore Bergé? L'auteur des Ogres avance que la jeune femme aurait pesé de tout son poids pour éviter une commission d'enquête - sans y parvenir donc - et avait préféré appuyer la création d'une mission flash aux pouvoirs bien moindres et à la durée beaucoup plus courte.
La ministre démissionnaire assure de son côté auprès de BFMTV "avoir changé la loi pour garantir les contrôles des grands groupes privés" mis en cause dans l'ouvrage. Aurore Bergé fait référence à un amendement voté par le Parlement pour "renforcer le contrôle dans les établissements d'accueil" des enfants.
Bergé defend la "fermeté en cas de défaillance" des crèches
Plusieurs missions ont également été lancées sous l'égide de la ministre pour la création d’un système d’alerte des maltraitances et la mission d’évaluation des micro-crèches.
De quoi pousser la dirigeante à affirmer qu'elle a "renforcé la culture du contrôle" tout en assurant avoir "demandé aux préfets la plus grande fermeté en cas de défaillance et de manquement" des crèches.
Aurore Bergé rappelle encore auprès de BFMTV avoir conditionné "les moyens de l'État à la revalorisation des conditions de travail des professionnels de la petite enfance".
Les ministres démissionnaires Catherine Vautrin et Sarah El Haïry, ont annoncé en mars dernier un accompagnement financier des branches professionnelles qui accorderaient des augmentations salariales de 150 euros net par mois en moyenne pour les professionnels des métiers de la petite enfance.
Proximité supposée après la lobbyiste des crèches privées
Suffisant pour convaincre de l'investissement d'Aurore Bergé? Toujours d'après Les Ogres, Elsa Hervy, la déléguée de la fédération française des entreprises de crèches et la ministre se seraient transmis des "éléments de langage".
Lors d'une interview sur BFMTV, l'ex élue des LR se serait ainsi appuyée sur "une note" transmise à son cabinet par ce lobby.
Les deux femmes se connaissent d'ailleurs bien: Elsa Hervy a travaillé au sein de l'UMP puis au cabinet de Brice Hortefeux, alors ministre de l'Immigration puis de Christian Estrosi à Bercy dans les années 2000. Aurore Bergé fut, elle, notamment responsable des Jeunes populaires.
"On s'est effectivement rencontré en 2008 à l'UMP", confirme la ministre démissionnaire qui dément cependant toute proximité avec la lobbyiste auprès du Parisien. "On ne s'est pas revues pendant quinze ans. Nous n'avons jamais déjeuné ni pris un café en tête-à-tête ensemble", se défend-elle encore.
Elsa Hervy affirme de son côté auprès de nos confrères ne vouloir "faire aucun commentaire avant d'avoir lu l'ouvrage".