Aurélie Jean – Anti-IVG aux États-Unis : regarder les chiffres

Une manifestation en faveur du droit à l'avortement à Amsterdam, le 2 juillet 2022.
Une manifestation en faveur du droit à l'avortement à Amsterdam, le 2 juillet 2022.

Vendredi 24 juin, la Cour suprême américaine révoquait le droit constitutionnel à l'avortement, faisant porter la décision sur les législations des États. Dès l'annonce, huit d'entre eux avaient déjà déclaré l'avortement illégal et plus d'une dizaine sont sur le chemin d'une restriction. Un désastre humain au regard des conséquences sociétales et médicales chez ces femmes. L'absence de la part des anti-IVG américains d'observation pragmatique des chiffres sur l'avortement dans leur pays est tout aussi importante. Pourtant, de nombreuses études montrent l'importance de considérer l'avortement comme un acte de santé publique afin de limiter les infections, les mutilations, voire la mort due à des interventions clandestines. Il est temps de regarder les chiffres en face.

Aux États-Unis, une étude des centres pour le contrôle et la prévention des maladies (Centers for Disease Control and Prevention ou CDC), réalisée en 2019 et publiée en 2021, présente la morphologie des avortements à l'échelle fédérale. En 2019, un peu moins de 12 femmes sur 1 000 entre 15 et 44 ans ont eu recours à un avortement. Ce chiffre monte à près de 24 pour 1 000 chez les Afro-Américaines qui représentent près de 40 % des avortements. Quand on sait que la population afro-américaine possède un revenu moyen qui est 31 % en dessous de la moyenne nationale (source : Census Bureau 2019), on ne peut que souligner la double peine chez ces femmes habitant un État dans lequel l'avortement n'est [...] Lire la suite