Publicité

Weidmann (BCE) détaille ses arguments contre un assouplissement accru

WEIDMANN (BCE) DÉTAILLE SES ARGUMENTS CONTRE UN ASSOUPLISSEMENT ACCRU

FRANCFORT (Reuters) - La Banque centrale européenne (BCE) n'a aucune raison d'assouplir davantage sa politique monétaire car les mesures déjà annoncées peuvent permettre à l'économie de la zone euro d'enregistrer des performances supérieures aux attentes, a déclaré Jens Weidmann, l'un des membres de son Conseil des gouverneurs, dans un entretien publié mercredi.

Le gouverneur de la Bundesbank, la banque centrale nationale allemande, y exprime aussi des doutes sur l'opportunité de laisser l'inflation dépasser l'objectif de la BCE ou encore d'acheter des actions.

Considéré comme l'un des plus orthodoxes des "faucons" de l'institution, Jens Weidmann exprime ainsi publiquement son opposition aux partisans de nouvelles mesures de soutien, comme Fabio Panetta, l'un des membres du directoire.

"Pour l'instant, je ne vois aucune raison de dévier de notre évaluation", a-t-il dit à Börsen-Zeitung. "La politique monétaire actuelle est appropriée."

Il a estimé que la zone euro pourrait enregistrer des performances supérieures aux prévisions de la BCE elle-même, qui tablent sur une croissance de 3,2% et une inflation de 1,3% en 2022, en soulignant que celles-ci n'intégraient pas l'impact du plan de 750 milliards d'euros de l'Union européenne ou le plan de relance de 100 milliards présenté le mois dernier par la France.

Il a aussi mis en garde contre le risque de voir une éventuelle extension du PEPP, le programme d'achats d'actifs lancé par la BCE en mars pour contrer la crise du coronavirus, conduire à un recours devant la Cour constitutionnelle allemande.

Il a en outre jugé qu'un virage politique qui conduirait la BCE à acheter des actions sur les marchés et à fixer des objectifs de rendements obligataires, sur le modèle de la Banque du Japon, lui semblerait difficilement compatible avec l'économie de marché et le mandat de la banque centrale.

Certains responsables de la BCE débattent actuellement de l'intérêt d'emboîter le pas à la Réserve fédérale américaine, qui a annoncé en août une évolution de sa stratégie susceptible de la conduire à laisser l'inflation dépasser son objectif de 2% pour compenser des périodes d'inflation faible.

Pour Jens Weidmann, une telle stratégie pourrait conduire une banque centrale à provoquer une récession simplement pour ramener l'inflation vers un objectif moyen après l'avoir laissée le dépasser.

(Francesco Canepa, version française Marc Angrand, édité par Jean-Michel Bélot)