Au Zimbabwe, la législation “dépassée” sur l’avortement entame timidement sa mue

On estime que 77 000 avortements clandestins sont pratiqués chaque année au Zimbabwe, bien que les chiffres réels soient probablement supérieurs.

Le quotidien zimbabwéen The Herald parle d’une “décision historique”. La Haute Cour du Zimbabwe a déclaré inconstitutionnelle la législation sur l’avortement interdisant aux jeunes filles de moins de 18 ans et aux femmes violées par leur mari d’avoir recours à une interruption volontaire de grossesse (IVG).

Dans sa décision du 22 novembre, rendue publique le 2 décembre, la Haute Cour a souligné l’importance du problème des grossesses chez les mineures, donnant lieu à une prolifération des avortements clandestins, dangereux pour la santé des jeunes femmes. On estime que 77 000 avortements de ce type sont pratiqués chaque année, bien que les chiffres réels soient probablement supérieurs. Le juge Maxwell Takuva a ainsi affirmé :

Les grossesses et les mariages des filles à des âges où elles sont encore des enfants ou des adolescentes sont des obstacles à l’éducation qui entretiennent la pauvreté et violent la dignité des jeunes filles.”

La Cour a aussi invoqué la récente reconnaissance du caractère criminel des viols conjugaux dans la loi zimbabwéenne, justifiant, selon elle, une extension de l’accès à l’IVG aux femmes concernées.

Une législation “dépassée”

La législation en matière d’avortement demeure particulièrement restrictive au Zimbabwe. Comme le précise New Zimbabwe, l’accès à l’IVG est théoriquement limité aux cas de grossesses dangereuses pour la vie des femmes, d’inceste ou de risques de déficiences physiques et mentales graves chez l’enfant.

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Plusieurs groupes de défense des droits des femmes ont récemment appelé à la révision de lois jugées “dépassées”. Avant la publication de la décision de la Haute Cour, Edinah Masiyiwa, directrice de l’association Women’s Action Group (WAG), s’exprimait dans les pages du quotidien Daily News :

“Il faut briser le silence sur le tabou de l’avortement. Des femmes et des jeunes filles meurent à cause d’avortements clandestins dangereux.”

C’est une autre organisation de défense des droits des femmes, Women and Law in Southern Africa (WLSA), qui a porté le recours contre la loi sur l’avortement devant la Haute Cour. La décision rendue par cette dernière doit désormais être validée par la Cour constitutionnelle.

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