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Au Tchad, vacances au bord de la guerre

Transit dans le désert, embarqué avec des soldats français, de bases militaires brûlantes en villages hautains, inquiets, indifférents.

DÉPART. De gros oiseaux blancs volent à hauteur du hublot de mon vol pour le Tchad. Le hasard m’a installé dans cet avion, et le désert sous nous fait maintenant place à une verdure jeune où ont poussé quelques villages, petites huttes grises parfois rassemblées autour d’une église en béton blanc.

Dans les rues ensablées de N’Djamena, la capitale, des bâtiments bas sont criblés de slogans peints et d’impacts de balles. Des motos par centaines, des petits dromadaires aussi. Partout des Honda ressuscitées et les Nokia qui chauffent. Des Tchadiens jeûnent et dorment sous les arbres à ombre, ou défèquent. Les femmes s’activent. Regards hostiles cernés de noir.

Un peu sonné, je me dirige vers la base française. Le colonel qui m’accueille m’accorde une liberté totale. Mes compagnons du désert seront donc militaires. Petit groupe déjà tatoué du Kosovo, d’Afghanistan et d’ailleurs… Il y a là des idéalistes, des inconscients, des obsédés, des mystiques, des exemplaires, des résignés, des transparents… Caractères qui passeront d’un individu à l’autre, selon les circonstances et les impulsions collectives. Tous sont ici fixés pour quelques mois, à poil dans des piaules, cernés par leurs stocks d’eau tiède en bouteille.

DÉSERT. L’air a porté notre avion jusqu’à une nouvelle destination. Hors de l’appareil tiède qui vient d’atterrir, ce n’est pas la chaleur du réacteur, mais bien le désert ! Au nord la Libye, à droite le Darfour, en bas Boko Haram. Partout le vide, bouché par un air étouffant, un air de vacances au bord de la guerre… Malgré le vent en rafales et la pluie à 50 degrés, on sue, on sue sans pisse, ça sent la foudre, et l’ennemi reste une hypothèse.

SOIR.Nous visitons la petite garnison tchadienne dans l’ancien fort de Fada, oasis isolée d’où vient Idriss Deby, président du Tchad. Des remparts centenaires en terre battue non entretenue, (...)

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