Au sommet des Brics à domicile, Vladimir Poutine met en scène son non-isolement à l’international
Avec ce sommet annuel organisé à Kazan, le président russe veut montrer que son pays n’est pas isolé.
INTERNATIONAL - C’est un rendez-vous important dans le calendrier de Vladimir Poutine, pour continuer d’exister sur la scène internationale. Le président russe accueille à partir de ce mardi 22 octobre une vingtaine de dirigeants étrangers alliés ou partenaires pour le sommet annuel des Brics, alliance de pays émergents que le Kremlin souhaite voir concurrencer « l’hégémonie » occidentale.
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Le sommet des Brics, qui se tient jusqu’à jeudi à Kazan, intervient alors que Moscou gagne militairement du terrain en Ukraine et a forgé des alliances étroites avec les plus grands adversaires des États-Unis : la Chine, l’Iran et la Corée du Nord.
Le Kremlin se flatte d’organiser « l’événement diplomatique le plus important jamais organisé en Russie », un pied de nez aux Occidentaux censé démontrer l’échec de leur politique d’isolement contre Vladimir Poutine depuis l’offensive contre l’Ukraine en février 2022.
Dans le centre-ville de Kazan, sur les rives de la Volga, les mesures de sécurité ont été largement renforcées. Les habitants sont invités à rester chez eux, ont rapporté les médias locaux. Kazan, à un millier de kilomètres de la frontière ukrainienne, a subi à plusieurs reprises des attaques de drones venant d’Ukraine et visant des sites industriels liés à l’armée.
Vladimir Poutine doit entamer ce mardi un marathon d’une quinzaine de rencontres bilatérales prévues d’ici à jeudi, selon le Kremlin.
Un très attendu tête-à-tête avec le secrétaire général de l’ONU
Signe de l’importance du tournant stratégique pris vers l’Asie par Moscou, le maître du Kremlin échangera au premier jour du sommet avec son allié chinois Xi Jinping, dont le départ pour la Russie a été confirmé par l’agence officielle chinoise mardi matin. Vladimir Poutine rencontrera ensuite le Premier ministre indien, Narendra Modi. Un dîner est prévu dans la soirée à l’hôtel de ville de Kazan, d’après le Kremlin.
Le chef de l’État russe s’entretiendra mercredi avec le Turc Recep Tayyip Erdogan - dont le pays, membre de l’Otan, a demandé à rejoindre les Brics - et avec le président iranien Massoud Pezeshkian.
Avant d’enchaîner jeudi, d’après le Kremlin, avec un très attendu tête-à-tête avec le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, une première entre les deux hommes depuis avril 2022.
Le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva a pour sa part annulé dimanche son déplacement et interviendra en visioconférence, selon la présidence brésilienne. Lundi, il a expliqué souffrir de la tête après un accident domestique « grave », lors d’une discussion au téléphone avec un membre de son parti qui a diffusé l’échange sur les réseaux sociaux.
Outre le conflit en Ukraine, l’escalade des tensions au Moyen-Orient doit être évoquée, tout comme l’élaboration future d’un système de paiement international censé concurrencer Swift, dont les banques russes ont pour la plupart été exclues après l’invasion en Ukraine.
Vladimir Poutine s’exprimera, en outre, lors d’une conférence de presse jeudi en fin de sommet.
Absence du prince Mohammed ben Salmane
Ce sommet des Brics « vise à montrer que la Russie est non seulement loin d’être isolée, mais qu’elle a des partenaires et des alliés », souligne l’analyste politique russe Konstantin Kalatchev.
Visé par un mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale en mars 2023 en raison de la déportation d’enfants ukrainiens, dont Kiev accuse Moscou, Vladimir Poutine est limité dans ses déplacements à l’étranger.
Pour cette réunion à domicile, le Kremlin juge « crucial » de démontrer qu’« il y a une alternative aux pressions occidentales (...) et que le monde multipolaire est une réalité », selon Konstantin Kalatchev.
Comptant quatre membres (Brésil, Russie, Inde, Chine) à sa création en 2009, le bloc des Brics a intégré l’Afrique du Sud en 2010, tirant ainsi son nom des initiales de ces États en anglais. Il a été rejoint cette année par quatre pays (Éthiopie, Iran, Égypte et Émirats arabes unis).
Seule ombre au tableau, l’absence à Kazan du prince héritier Mohammed ben Salmane, dirigeant de facto de l’Arabie saoudite, ce qui alimente les spéculations sur d’éventuels désaccords entre les deux poids lourds énergétiques mondiaux.
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