Au Salon de l’Agriculture, la réforme des retraites plutôt bien accueillie, mais…

RETRAITES - La réforme des retraites est dans toutes les bouches et le Salon de l’Agriculture ne fait pas exception. Samedi dernier, lors de sa visite porte de Versailles, Emmanuel Macron a à nouveau défendu une « réforme de justice », prenant les éleveurs à témoin.

« On supprime les régimes spéciaux, a-t-il déclaré. Quand vous parlez à un éleveur, qui ne sait pas ce que c’est qu’un jour férié, qui ne sait pas ce que c’est qu’un samedi ou un dimanche où il peut se reposer, il trouve ça juste. » Et, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête d’article, pour les éleveurs que Le HuffPost a rencontrés au salon, cette suppression est effectivement perçue comme une bonne chose.

« Ça fait quand même beaucoup d’écart entre les gens qui partent à 55 ans, voire avant, et les autres qui doivent rester jusqu’à 64 ou 65 ans, » approuve Sabrina Andriot, éleveuse de bovins charolais. « Je pense que ce serait un juste retour à la logique des choses quand même », estime pour sa part Bernard Bonnot, éleveur de moutons. « C’est pas normal que des gens partent avec des régimes spéciaux alors que nous, on travaille jour et nuit, et la pénibilité est différente… », s’agace Michel Aurélien, éleveur de bovins.

« 836 euros de retraite, c’est pas normal »

Mais les agriculteurs ont d’autres motifs d’inquiétude. Avec la réforme, c’est moins le recul de l’âge légal de départ à la retraite qui dérange que le montant de leurs pensions, en moyenne bien inférieures à celles des autres retraités.

Selon la Mutualité sociale agricole, les chefs d’exploitation à la retraite touchent en moyenne 1079 euros bruts pour une carrière complète. « Je ne comprends pas pourquoi les agriculteurs touchent moins de 1000 euros alors qu’ils ont travaillé toute leur vie pour soigner et nourrir la France, » s’indigne Michel Aurélien.

En parallèle de la réforme des retraites, une loi récente, proposée par le député LR Julien Dive, et adoptée par le Parlement, devrait pourtant améliorer leur situation. À partir de 2026, le calcul des pensions des agriculteurs ne sera plus effectué sur l’ensemble de la carrière, mais uniquement sur les 25 meilleures années. Une bonne chose, même si tout n’est pas réglé, pour ces agriculteurs.

À 61 ans, Bernard Bonnot est désabusé. Il aurait déjà pu prendre sa retraite, mais a décidé de ne pas le faire et continuera de s’occuper de son élevage le plus longtemps possible : « C’est pas normal qu’un homme comme moi, qui a travaillé, fourni à nourrir, travaillé la terre, finisse avec 836 euros. Aujourd’hui, je n’ai pas peur de le dire, je n’accepterai jamais cette retraite-là, jamais. »

À voir également sur le HuffPost :

Avec la réforme des retraites, le Sénat est chouchouté, mais il n’a pas été toujours aussi choyé…

La réforme des retraites arrive au Sénat, à quelle sauce sera-t-elle mangée ?