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Au Rwanda, le spectre de l’épuration hante les réfugiés

Des réfugiés burundais dans le camp de Gashora, au Rwanda, le 3 avril.

Les dizaines de milliers de Burundais, souvent tutsis, entassés dans les camps du HCR, craignent un réveil du conflit ethnique.

Dans l’attente d’une ration de maïs et de haricots, Ancelme (1) déambule parmi des toilettes préfabriquées et des tentes blanches sans savoir où aller, comme un bateau à la dérive. Le terrain de volley installé à leur intention par de jeunes humanitaires occidentaux n’y change rien : tous les réfugiés du camp de Gashora, dans le sud du Rwanda, ont le même regard inquiet, les mêmes vêtements qu’ils n’ont pas changé depuis plusieurs semaines, souvent les mêmes craintes et parfois les mêmes souvenirs que ce cultivateur de 43 ans qui en accuse déjà dix de plus.

Plus de 5 000 Burundais, majoritairement des femmes et des enfants, sont pris en charge par le gouvernement rwandais et le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) dans ce camp militaire désaffecté. Cent personnes en moyenne arrivent chaque jour depuis la frontière, à trente minutes de route. Un millier sont ensuite déplacés vers le camp de Mahama, dans l’est du Rwanda. A trente minutes de route de là, on est à Kigali, la capitale.

Bribes. Trois semaines après le début du mouvement contre un troisième mandat du président de la République, Pierre Nkurunziza, beaucoup de réfugiés de Gashora ne sont pas au courant des événements en cours à Bujumbura (lire ci-contre). Des bribes d’informations filtrent par la radio rwandaise pour ceux qui arrivent à la capter. Les autres réclament des unités téléphoniques pour appeler de l’autre côté de la frontière.

Selon l’ONU, 50 000 Burundais ont rejoint en un mois la république démocratique du Congo, la Tanzanie et le Rwanda, le pays qui en accueille le plus : 25 000 au total. Le week-end dernier, le Programme alimentaire mondial (PAM) s’est inquiété d’une crise humanitaire et a indiqué être prêt à venir en aide à 50 000 personnes de plus dans les trois prochains mois si la crise persistait au Burundi.

Assis au pied d’un arbre, Ancelme se rappelle de (...)

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