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Au Royaume-Uni, les petites banques se pressent pour recevoir des fonds

par Emma Rumney

LONDRES (Reuters) - Les petites banques britanniques font acte de candidature pour bénéficier de nouvelles ressources financières dont le gouvernement espère qu'elles leur permettront de se faire une place dans le marché du crédit aux entreprises.

Cela fait des années que Londres veut affaiblir la position dominante des quatre grandes banques dans le crédit aux PME. HSBC, Barclays, RBS et Lloyds Banking Group contrôlent plus de 70% des comptes courants des entreprises.

Le gouvernement britannique et la Commission européenne (CE) ont donné pour instruction à RBS de créer deux fonds d'un montant combiné de 775 millions de livres (882 millions d'euros). La banque avait bénéficié d'une aide publique de 45,5 milliards de livres durant la crise financière, que d'aucuns considéraient comme un avantage indû.

"L'une des conséquences de la crise de 2008-2009 a été une concentration énorme des services financiers", a dit Anne Boden, directrice générale de la banque en ligne Starling Bank, lancée en 2014.

Les dépôts de candidature pour bénéficier des fonds seront ouverts l'an prochain. L'un, doté de 350 millions de livres, aura pour objet d'encourager la clientèle à aller voir chez la concurrence, tandis que celui de 425 millions de livres permettra aux nouvelles venues d'investir dans leur offre de crédit aux PME.

Virgin Money et Starling Bank ont déjà préparé leur entrée dans le "corporate banking", tandis que la banque Monzo, qui s'appuie sur une application téléchargeable sur smartphone, l'envisage aussi après l'avoir auparavant exclu.

Virgin Money, qui proposera à ses clients d'avoir accès à des services partenaires, pourra faire acte de candidature pour trois programmes ("grants") représentant au total 45 millions de livres et ouverts aux nouveaux entrants.

Starling compte avoir mis en place son service avant de postuler pour l'un des trois plus gros programmes variant de 60 à 120 millions de livres et destinés à des établissements déjà opérationnels.

"Notre position est vraiment unique pour cela (...) et nous avons toute confiance en notre capacité de l'emporter", a déclaré Boden, convenant cependant que la concurrence se faisait plus intense. "Je pense que (les fonds) sont sans doute insuffisants; ça aurait pu être beaucoup plus".

Tandem, un autre acteur numérique, sera propriétaire d'une licence bancaire et d'une filiale bancaire si son OPA sur Harrods Bank est approuvée; il compte être en lice pour les quatre "pools", regroupant les différents "grants", proposés.

"La concurrence décolle à présent", a dit Ricky Knox, directeur général de Tandem. "Elle n'en est pas à un stade où on puisse encore réellement la prendre au sérieux mais attendons deux ou trois ans".

Clydesdale and Yorkshire Bank (CYBG), TSB et Metro Bank sont également dans la course.

CYBG teste actuellement un service de crédit en ligne aux entreprises et se développe à Birmingham et dans les West Midlands, ce qui doit lui permettre de postuler pour les trois plus gros programmes.

Santander répond aux critères d'eligibilité, ce qui suscite bien des critiques car sa maison-mère, la banque espagnole, Banco Santander, est l'une des plus grandes banques au monde.

Nathan Bostock, directeur général de Santander UK, estime que la banque n'a plus à prouver sa capacité à convaincre les déposants de changer de banque.

"Nous créerons des choses qui, nous le pensons, aiderons les clients à faire ce choix", a-t-il dit, faisant référence aux nouveaux produits et services que la banque proposera dans le cadre de sa candidature.

Bostock observe qu'il a toujours été très difficile de prendre des parts de marché aux quatre grandes banques. Elles contrôlent le marché depuis 1970, selon un rapport publié par le gouvernement en 2016, et leur position dominante n'a guère été affectée par l'arrivée de plusieurs nouveaux entrants.

Selon la Competition and Markets Authority (CMA), le taux de résiliation des comptes courants pour passer à la concurrence était de l'ordre de 4% seulement en 2014 même si des milliers d'entreprises ont eu maille à partir avec les grandes banques par le passé. Certaines ont ainsi accusé RBS de les avoir poussées à la faillite pour récupérer leurs actifs à vil prix pendant et après la crise financière.

La constitution des deux fonds est le moyen que le gouvernement britannique a trouvé de renforcer la concurrence dans le secteur bancaire après que RBS eut échoué à vendre sa filiale de corporate banking Williams & Glyn.

Un transfert de part de marché de RBS de 3% en faveur des nouvelles concurrentes est prévu. Williams & Glyn compte 220.000 PME environ comme clientes.

(Wilfrid Exbrayat pour le service français)